«Cette ambiance Artung, c'est vraiment différent d'une galerie! Ça crée plein de choses qu'on n'aurait pas imaginées...» Samedi soir au bout de la grand-rue à Esplanade, sons et lumières signalent le lieu de la performance du collectif Artung: un local genre friche industrielle, béton brut, tuyaux par-ci par-là, qui, justement pour cette raison, a tout de suite flashé le comité Artung!
Parmi des groupes de jeunes en pleine discussion, des gosses courant au milieu des pots de peinture, panneaux de signalisation et cônes de chantier, Nathalie Dubois, l'une des quelque 20 artistes réunis pour cette performance, était tout sourire. Avec ses collègues Martina Fornusek et Vincent Di Silvestro, ils avaient créé une série de textiles suspendus dans les airs, sur le thème de... La Chaux-de-Fonds après la pluie, plongée dans l'eau! Par exemple une Grande Fontaine flanquée de barracudas, «pour symboliser le trafic, on ne peut jamais traverser la route!»
Sortir l'art des institutions, c'est le but d'Artung, exercice réussi: les deux soirs, malgré le froid, la fête a fini aux petites heures. «Mais des habitants du quartier, il n'y en a pas eu tellement, c'est dommage», regrettait la présidente du collectif, Corinna Weiss, qui elle-même n'avait jamais mis les pieds à Esplanade auparavant. Pas plus que toutes les connaissances qu'elle a croisées.
Le président de l'association Eplanade François Wisard qui, ainsi que tout son comité, avait applaudi à l'initiative ne s'expliquait pas trop non plus cette désaffection. «Lorsque nous organisons des fêtes de quartier, les gens viennent, et ils sont demandeurs.» Le froid, une pléthore de manifestations, la peur de l'inconnu? Un bilan sera tiré prochainement. /cld