Traduire un bouquin technique à l'intention de six étudiants tessinois en horlogerie par année: c'est une histoire qui ressemble à une saga.
Il y a 30 ans, Paul-André Hartmann, jeune ingénieur en électronique, rencontre un Tessinois, Luigi Pellegrini, en train d'apprendre la restauration d'horlogerie ancienne à La Chaux-de-Fonds, qui sait éveiller l'intérêt de Paul-André Hartmann pour l'italien: il prend une année sabbatique pour aller l'étudier à Florence.
Devenu directeur du Cifom-ET et président de la Fédération des écoles techniques, Paul-André Hartmann reçoit un jour une demande d'un médecin urgentiste qui aimerait traduire pour ses amis le livre «Théorie d'horlogerie» de la Fédération des écoles techniques. Ecrit dans les années 90, c'est un ouvrage de référence pour les apprentis horlogers de Suisse et d'ailleurs: il est déjà traduit en anglais et allemand, et il y a même des demandes pour le traduire en russe et japonais! Mais il n'avait encore jamais été traduit en italien, le Tessin ne comptant pas plus de six apprentis par année.
Or, vu la qualité de la traduction du médecin, la Fédération des écoles techniques décide de la racheter, pour un prix d'ailleurs des plus modestes. L'un des auteurs de l'ouvrage, Umberto Pelaratti, responsable du laboratoire de développement d'Audemars Piguet accepte avec l'aide de Roberto Cattellani, horloger de Reggio Emilia, de faire une relecture technique.
Et Luigi Pellegrini, entre-temps devenu professeur et président de la commission d'examen des horlogers du Tessin joue les courroies de transmission: c'est ainsi que Paul-André Hartmann est allé présenter ce livre traduit en italien à Lugano. Donc, 30 ans après cette rencontre, «les apprentis horlogers tessinois pourront bénéficier d'un ouvrage dans leur langue qui va leur permettre de faire vivre et prospérer cette passion de l'horlogerie qui nous rassemble ici, et ainsi contribuer au succès économique de la Suisse». / cld