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Souvenirs d'un combat pour l'égalité

15 juin 2011, 09:40

A l'invitation de la section locale du Collectif du 14 juin, plusieurs dizaines de femmes ont appuyé, hier à La Chaux-de-Fonds, la revendication «un salaire égal à un travail égal», portée au niveau national.

A 14h06 exactement, un étourdissant concert de sifflets a retenti sur la place Espacité. Parmi les siffleuses, Suzanne Loup. Cette enseignante retraitée aujourd'hui parfaitement anonyme a eu son heure de notoriété nationale il y a un peu plus d'une trentaine d'années.

C'est grâce à elle que, le 12 octobre 1977, le Tribunal fédéral (TF) a déclaré inconstitutionnelle la disposition neuchâteloise octroyant un salaire plus bas aux institutrices qu'aux instituteurs.

L'étonnant, aujourd'hui, c'est de rappeler, souligne celle qui milite toujours pour la cause des femmes, qu'à l'époque le canton de Neuchâtel était le seul à pratiquer une telle discrimination et qu'il ait fallu aller au TF pour faire reconnaître l'évidence. Et qu'il ait fallu aussi aller à contre-courant du comité du syndicat de l'époque (la VPOD) qui trouvait justifiée la position du canton...

L'arrêt Loup a imposé une modification immédiate de la grille salariale des enseignants du degré inférieur dans le canton, chose déjà acquise aux degrés secondaire et supérieur.

Le démarrage de l'histoire vaut d'être conté. «Tout est parti», se souvient-elle, «d'une enseignante de 3e année primaire de Fleurier. Moins payée qu'un collègue masculin qui, en outre, travaillait moins puisqu'il ne donnait pas les travaux à l'aiguille, elle avait parlé de son cas lors d'un congrès tenu à Berne en 1975 à l'occasion de la Journée internationale des femmes.» Son histoire a attiré l'attention de deux avocates présentes, Jacqueline Berenstein Wavre et une certaine... Christiane Brunner. Pour faire reconnaître juridiquement l'inégalité, il fallait trouver une institutrice prête à recourir contre son salaire au moment de sa nomination. Ce fut Suzanne Loup.

Aujourd'hui, la militante continue de s'engager «car il y a encore tellement à faire.»

En fin d'après-midi, un défilé a emmené une petite centaine de protestataires jusqu'à la très opportune place du 14-Juin, où le Conseil communal servait un apéro.

Au Locle, quelques militantes se sont rassemblées devant la fontaine de la place de l'Hôtel-de-Ville. La déesse des eaux avait été revêtue de fuchsia pour l'occasion. Quelques employées de la fonction publique ont débrayé «en solidarité avec les nombreuses travailleuses qui ne perçoivent pas un salaire égal à celui des hommes», selon les termes d'un communiqué. / lby

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