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Sons cosmiques à l'Usine électrique

17 janv. 2011, 12:35
Invité par la Société de musique de La Chaux-de-Fonds, Lost cloud quartet, ensemble de saxophonistes italiens, a donné samedi soir à l'Usine électrique un concert de grande qualité.

Le programme se compose de deux oeuvres dont l'étonnante proximité esthétique et stylistique concourt à l'unité du projet musical. «Four5» de John Cage pour quatuor de saxophones et électronique (1991) est l'une des dernières oeuvres du compositeur, et la seule pièce écrite pour cet instrument. L'écriture minimaliste, travaillée par des résonances tonales, exprime une subtile dialectique entre stabilité et entropie: les longues tenues de notes qui ouvrent la pièce laissent bientôt place à de soudaines accélérations et à une série d'échos spatialisés. Le jeu, d'une remarquable précision, valorise le climat paisible, presque cosmique, de cette lente méditation sonore.

Lors des Amplitudes 2007, nous avions déjà eu le plaisir d'entendre le quatuor interpréter des oeuvres de Salvatore Sciarrino. Avec «La bocca, i piedi, il suono» pour quatre saxophones solistes et 100 saxophones alto préenregistrés (1997), le compositeur italien explore les dimensions acoustiques et réflexives du son unique. Dans un geste d'inspiration scelsienne, une note, soumise à une mécanique répétitive, enferme progressivement l'auditeur dans des sonorités circulaires. Tout repère spatial s'annule: l'attention est alors déportée vers les bruissements et les oscillations qui émergent de la bande magnétique.

En ces instants, l'Usine électrique revêt bel et bien un caractère sacré. Le son emplit une nef imaginaire, convie le public à une procession immobile au terme de laquelle la musique se réduit à un silence nocturne absolu.
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