CRITIQUE - PAR DENISE DE CEUNINCK
Le concert, étincelant, du Giardino armonico, lundi à L'Heure bleue à La Chaux-de-Fonds, a été un admirable hommage à la cité des Doges. Les musiciens ont illustré l'histoire de la musique, les recherches chères aux maîtres vénitiens: Dario Castello, Tarquinio Merula, Giovanni Legrenzi, Baldassare Galuppi. Cette matière, riche de contrastes malgré la parenté de style, a été confiée à sept instrumentistes admirés, d'abord, pour leur présence scénique, liée à la séduction d'une technique parfaite, symbole de tout ce que le 17e siècle à Venise a représenté de goût et de culture.
Les violonistes Enrico Onofri et Marco Bianchi ont l'instinct de cette musique. Ils ont déployé la sûreté de leur style, l'intelligence de leur sensibilité. En quelques minutes ils en ont synthétisé le génie.
Puis Antonio Vivaldi a conduit vers le 18e siècle. Giovanni Antonini, chef du Giardino armonico et flûtiste, s'est attaché à rendre ses lettres de noblesse à la flûte, au flautino plus précisément, instrument très agile souvent employé au 18e siècle, puis un peu oublié. L'entreprise est louable et le résultat fabuleux. La superbe démonstration de virtuosité et de musicalité a atteint son point culminant dans le concerto RV 444. L'exécution a déclenché les applaudissements du public après le premier mouvement déjà, tant la performance, pur éclat de jubilation de l'instrument, a frappé. Deux autres concertos, RV 441 et 443, ont célébré l'entente volubile et capricieuse du soliste et de ses musiciens. Une soirée «là où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté».