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Quand les gamins graissaient les rails pour faire patiner la Peuglise

C'était le temps où les bonnes vieilles machines à vapeur cédaient peu à peu leur place aux locomotives électriques. En 1938, Goupi était un garnement de 7 ans et on ralliait déjà Neuchâtel à bord de la Flèche du Jura en 33 minutes. Soit cinq de moins qu'aujourd'hui.

15 août 2009, 07:25

Sur le cliché, la gare semble presque posée en rase campagne. Sur la gauche, on reconnaît l'hôtel de la Poste, érigé en 1905 par Fritz Flückiger. A l'époque, on s'esbaudit devant ce colosse de treize étages, dont deux niveaux de caves, des mansardes et une terrasse faîtière. Avec humour, les Chaux-de-Fonniers le baptisent le «gratte-ciel».

«Derrière, juste là où ils ont planté cette grande tour, il y avait le café des Chemins de fer, chez la Gina», se souvient Goupi. «C'était un personnage! Elle était très… volumineuse. Et sortait elle-même par le collet les fauteurs de trouble. Comme dans beaucoup de bistrots à l'époque, il y avait une batterie, un accordéon à disposition et on pouvait taper la jam quand ça nous disait. La Gina préparait des sandwichs: «Qui cha qui veut des chandwouiches à la mochtarde?» J'entends encore son accent italien!».

A l'époque, on rallie Neuchâtel à bord de la Flèche du Jura en 33 minutes. «On y descendait pour manger le poisson. On s'arrêtait à Chambrelien et après on descendait à pied en passant par les gorges de l'Areuse. A l'époque, on n'avait pas peur de marcher!»

La ligne Neuchâtel-Le Locle est électrifiée en 1931, l'année de naissance de Goupi. «Mais pour aller à La Sagne, aux Brenets et dans les Franches-Montagnes, c'était un vapeur jusqu'en 1950. Je m'en souviens parce qu'ils ont inauguré la ligne le jour où Georges Schneider est rentré d'Amérique avec son titre de champion du monde de slalom. Et puis, il y avait la Peuglise, qui allait aux Ponts-de-Martel. On lui a fait toutes les misères possibles...», avoue Goupi. «Le dimanche, on mettait de la graisse à char sur les rails pour qu'elle patine dans la montée du Reymond!» On raconte que parfois, il fallait même demander aux voyageurs de descendre des wagons pour alléger le convoi, qui s'essoufflait dans la montée! «Le père Rubi qui s'en occupait râlait après ces charognes de gamins!»

Heureusement que depuis, on a inventé la télé pour les occuper... /SYB

Sources: Charles Thomann «La Chaux-de-Fonds, hier et aujourd'hui»; Raoul Cop «Histoire de La Chaux-de-Fonds»

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