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Paul Gremion, un homme aux semelles de vent

05 mars 2011, 08:09

Homme aux semelles de vent, Paul Gremion est mort à l'hôpital le 1er mars, à la veille de ses 80 ans. Cet ancien préposé à l'Office du logement de La Chaux-de-Fonds, poste où il a pu exprimer sa fibre sociale, était surtout connu dans le cercle des marcheurs, de ceux dont les horizons s'étendent jusqu'aux contreforts de l'Himalaya, dans ce Népal qu'il aimait tant.

Paul Gremion a débarqué par hasard à La Chaux-de-Fonds, à 20 ans. Sa jeunesse, il la passe en Gruyère. Une jeunesse dure. Son père meurt en 1939 alors que le garçon n'a que huit ans, sixième d'une famille de neuf enfants. Très tôt il travaille, comme garçon de chalet au Moléson ou tourbier à Sâles.

A La Chaux-de-Fonds, il découvre une ville généreuse, disait-il à «L'Impartial» en 1999. Monteur en chauffage, il s'accroche et suit des cours de comptable. Curieux de tout, il se cultive jusqu'à lire Montesquieu, Descartes et «Le capital» de Marx. En pleine guerre froide en 1956, il part même pour un festival de jeunesse à Moscou. Déjà le virus des voyages...

Paul Gremion s'intéresse aussi beaucoup au terroir de sa région d'adoption. Au Département audiovisuel de la Bibliothèque, il a déposé une série de films, tournés en super-8. Il s'attache avec passion à filmer «Les artisans du temps passé», une suite avec le fondeur de cloches Blondeau, le charron des Ponts-de-Martel Finger, le chapelier de Fontainemelon (1982). Il tourne aussi au bois des Lattes, la première fête du mai en 1981, les Andes péruviennes.

A la retraite, Paul Gremion embrasse la liberté de voyager, à pied, en bus bondés, à l'est comme à l'ouest du globe, sac à dos et guide du routard en bandoulière. Il s'attache en particulier au Népal, dont il nous dira, l'année passée encore, que c'était sa seconde patrie.

Il présentait alors une exposition de photos croquées au cours de sept voyages au Népal, au profit de l'hôpital de Lukla, construit à 2800 mètres d'altitude par l'ancienne guide elle aussi gruérienne Nicole Niquille. Revenu malade de sa base arrière de Thaïlande il y a peu à La Chaux-de-Fonds, c'est encore à cet hôpital des sherpas qu'il a souhaité que ses amis pensent pour rendre hommage à sa mémoire. Car l'esprit de Paul Gremion, lui, «est déjà là-haut, au tiède soleil de la cime», pour reprendre la citation de l'alpiniste italien Walter Bonatti en exergue dans le faire-part de la famille. /ron

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