La Californie dans les années 1930, un décor circulaire en tôle froid et impersonnel, une atmosphère lugubre, des fumigènes à foison, une batterie puissante, des costumes particulièrement réussis, des personnages au caractère bien trempé… Le cadre ainsi planté ne concède aucun espoir à une issue qui ne peut être que fatale.
Un manifeste contre l’exclusion
Cette intrigue dénonce avec véhémence la condition des personnes handicapées mentales, des femmes, des Noirs, des travailleurs saisonniers et d’un vieux chien évoluant dans une société où les individus qui ne correspondent pas aux normes sont exclus. Elle dévoile une dure réalité que Jacint Margarit met en scène avec une grande sensibilité. Rongés par les aléas de l’existence, les protagonistes luttent pour leur survie et continuent d’espérer en un avenir meilleur, en un idéal qu’ils n’atteindront jamais.
Colosse au cœur tendre
Impossible de ne pas craquer face à la naïveté de Lennie (Enrique Medrano), un colosse au cœur tendre qui ne contrôle ni sa force ni sa passion pour les petits animaux qu’il tue par accident. Comment résister à l’indestructible amitié qui le lie à George (Alain Jacot) et au rêve qu’ils n’exauceront jamais. Complices, les comédiens sont confinés dans un destin commun qui leur colle à la peau. Seule la mort les en séparera.
L’interprétation dramatique de l’œuvre très engagée de Steinbeck «Des souris et des hommes», par la Compagnie Mandragore, laisse totalement admiratif. Pierre-Alain Favre
La Chaux-de-Fonds: Temple allemand, jusqu’au 19 juin. Réservations: www.abc-culture.ch
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