Aujourd'hui même, une vingtaine d'anciens sauteurs se retrouvent au chalet du Ski club de La Chaux-de-Fonds à Cappel autour d'une fondue. Une réunion de copains qui se remémorent les bons moments passés au saut de Pouillerel, que l'on devine entre le sommet et la route de la Grébille.
«Là, c'est un des premiers concours en 1913. Et ici, le dernier, le 9 mars 1986!» Eric Rudolf, l'initiateur de ces rencontres d'anciens licenciés de saut à ski, en 1999, se penche avec un brin de nostalgie sur les photos noir-blanc publiées dans les plaquettes des 75e et 100e anniversaires du Ski club. Le saut n'était pas le plus grand de la région - celui de la Combe-Girard au Locle l'était bien davantage -, mais il a fait s'envoler des générations de sauteurs chaux-de-fonniers, qui, depuis, n'ont plus de tremplin.
«C'était un petit tremplin du Jura, comme il y a en avait au Bois ou à Mont-Soleil. Les gens de l'extérieur ne l'aimaient pas trop à cause des deux bosses après la retombée», sourit Eric Rudolf. Au dernier concours, le saut le plus long a été mesuré à 54,4 m, «un beau saut pour l'époque». Il raconte encore qu'au départ il y avait un virage. Il fallait se mettre dans l'axe. Mais, de mémoire d'ancien, il n'y a jamais eu d'accident grave.
En fin de compte, le plus beau souvenir, c'est l'esprit de camaraderie né des journées à piler la piste, à skis, pour mériter le droit de sauter quelques fois. Et peut-être les sauteurs faisaient-ils les rodomonts devant le public qui venait même aux entraînements. Ou en descendant jusqu'au centre-ville, sans sel ou gravier sur la chaussée et avec si peu de circulation. Des noms de sauteurs émérites? Eric Rudolf hésite à en donner, de peur d'en oublier. Mais au pied du saut abandonné, on se souviendra tout de même des Charly Blum, Eric Soguel, Jean-Luc Ungricht ou Francis Perret... Santé! /ron