«J'aimerais seulement que la justice examine le cas. J'ai toute confiance dans les institutions politiques et judiciaires suisses», sourit-elle. Ce ne sont pas les textes en eux-mêmes qui pourraient tomber sous le coup de la loi, mais les parties chantées sur sol helvétique. Et en cette période d'Euro, on entend plus souvent des hymnes nationaux que des berceuses s'élever des rangs des supporters.
Mais cette coïncidence de calendrier est le fruit du hasard: «J'ai pris la décision de déposer ma plainte il y a plus de six mois, j'attendais juste la prochaine fois où «La Marseillaise» serait chantée sur le sol suisse. Je n'ai pas pensé à l'Euro.»
Mireille Grosjean a surtout dans le collimateur l'hymne national français et son refrain belliqueux: «Qu'un sang impur abreuve nos sillons.» Mais d'autres pays clament des textes violents qu'elle tolère mal, comme l'hymne turc par exemple. «Nous traînons des hymnes qui prônent une philosophie barbare et guerrière d'un autre temps», explique-t-elle. «Le texte de Rouget de L'Isle cadrait avec son époque, mais depuis 1789, les mentalités ont changé.»
L'ancienne conseillère communale milite pour remplacer le texte de l'hymne français par celui de «La Marseillaise écologique», dont le refrain, «Qu'un air plus pur abreuve nos poumons», correspond mieux à l'esprit de l'époque. «Nous sommes dans la décennie de la non-violence et de la paix décrétée par l'Unesco. Il reste deux ans pour changer les paroles.»
Ce n'est pas gagné. Par deux fois, Mireille Grosjean a ajouté à l'article «La Marseillaise» de l'encyclopédie internet Wikipédia les paroles de la version écolo. Par deux fois, le texte a été effacé. En France, pas mal de gens partagent le ras-le-bol de Mireille Grosjean, mais ils ne sont pas majoritaires. Par ailleurs, une loi Sarkozy de 2002 punit «l'outrage à l'hymne national et au drapeau». La Brenassière insiste: «Je ne veux pas créer un incident diplomatique ni m'en prendre aux Français, j'espère qu'ils comprendront. C'est un coup de gueule pour lancer la réflexion.» / SAB