CRITIQUE - PAR DENISE DE CEUNINCK
Placé sous le patronage de la Société de musique, voilà un concert que les auditeurs, venus en foule jeudi Salle Faller à La Chaux-de-Fonds, ne sont pas près d'oublier. Le baptême du trio Alma, la confirmation du talent de trois jeunes chaux-de-fonnières issues du même terreau professionnel, marque la soirée d'un souvenir indélébile.
Le programme est habilement composé, à divers degrés tout est intéressant. Que ce soit dans les mélodies populaires irlandaises de Frank Martin ou dans le bavardage de Beethoven illustré dans les variations «Kakadu». Cette entente, ce plaisir de jouer ensemble sont communicatifs dans la mesure où cela donne tout leur poids aux épisodes captivants de ces partitions, quasiment exhumées, tant sont rares leur présence en concert.
Le trio No 1 op 8 de Brahms, est apparu dans une aura toute particulière de bonheur, au c½ur de la tourmente romantique et dans le climat respectif de chacun des mouvements. Au piano Coraline Cuenot a l'habileté technique, la musicalité propre à inspirer ses collègues, Noémy Braun, violoncelle, Saskia Bieler, violon.
Le trio chante la solitude, le vagabondage de l'âme dans le flou des brumes hanséatiques. Le scherzo est charmeur à souhait. Les qualités du trio sont certaines dans le sens de l'expansion lyrique propagée en larges ondes dans l'adagio. Mais tout à coup quelques passages deviennent fragiles, l'expression se relâche imperceptiblement et avec elle la fermeté de la trame.
Tout compte fait et c'est là décerner la palme au Trio Alma, sa jeunesse, sa générosité, son ardeur, ont raison de la consistance plus symphonique de Brahms.