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La Grande Ourse, une école de vie sans directeur et sans notes

«Ecole pour privilégiés, pour marginaux...» La Grande Ourse, unique école en son genre dans le canton, défraye toujours la chronique, 25 ans après sa création. Le point sur cette école, sans directeur, sans notes et sans... problèmes de violence. Ce n'est ni «une école pour riches» ni «pour enfants à problèmes», comme on l'entend parfois, mais une école marginale, créée par un groupe de parents il y a 25 ans pour les enfants laissés sur le carreau par l'école publique. Certains sont dyslexiques, d'autres surdoués, «mais ici personne n'est un nul!», souligne Aïlen, 13 ans. «Car avant toute chose, on nous apprend le respect de soi et de l'autre. Chacun a son propre rythme de travail.»

04 mai 2008, 12:00

«L'idée était de sortir les enfants du système public, du stress des notes et de la compétition. Nous ne sommes pas opposés à l'école publique, mais complémentaires», explique Yves Chédel, parent d'une élève et... enseignant dans le secteur public. «Il y a encore de gros manques dans la structure scolaire. Pour les problèmes de dyslexie, par exemple, on commence tout juste à se poser la question dans le secteur public. Les classes sont de plus en plus chargées. Avec le programme et le peu de moyens, les enseignants sont dans une impasse.»

A la Grande Ourse, pas de directeur, pas de notes, pas de carnets à signer et très peu de devoirs. «Le programme scolaire est personnel, plus ciblé sur les intérêts des élèves et leurs compétences. L'essentiel, c'est que l'enfant soit bien dans sa peau, loin de la moulinette du public. Qu'il ait une bonne attitude face au travail. Qu'il travaille pour lui et pas pour les notes», rappelle Anke Brouwer, l'une des cinq enseignantes de l'école.

On y dispense un programme équivalent au programme cantonal, mais on y apprend aussi les valeurs de la vie, «le goût de l'effort, une gestion saine et lucide des relations humaines, le respect de soi et des autres, le développement de la personnalité, la confiance en soi».

Côté effectif, le «niveau qualitatif» veut que l'école n'accueille que 24 élèves, répartis entre deux niveaux, primaire et secondaire. Deux classes uniques où les élèves se côtoient dans une ambiance studieuse et gaie, qui n'est pas sans rappeler l'émouvant documentaire «Etre et avoir», du Français Nicolas Philibert. Certains n'y restent que quelques années. D'autres y font la totalité de leur parcours scolaire, de la 6e à la 9e année.

«Attention! Ce n'est pas parce qu'on est plus libre que l'on peut faire ce que l'on veut», prévient Aïlen. «On est ici pour travailler!», rappelle-t-elle sérieusement. Tous l'ont bien saisi. Pour preuve, depuis sa fondation, en 1983, neuf élèves sur dix ont réussi dans l'orientation choisie à leur sortie: lycée, technicum ou apprentissage.

Les professeurs doivent avoir une formation pédagogique classique, ou différente «à condition qu'elle apporte des compétences dans un domaine donné». Leur salaire est néanmoins deux fois moins élevé que dans le secteur public, où tous ont déjà vécu une expérience «démotivante». Qu'importe: «Même avec la moitié de salaire, nous préférons enseigner ici!» / SYB

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