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La course à 100 francs de la vieille dame

Une Chaulière à mobilité réduite se fait coller une amende dans le bus pour s'être assise avant de valider son billet. Le règlement, c'est le règlement, répond TransN.

05 janv. 2013, 10:00
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"J'ai laissé tomber, mais je n'arrive pas à comprendre l'attitude de la compagnie de bus. Elle manque d'intelligence et de tact."

Viviane (elle ne souhaite pas qu'on publie son nom de famille), 80 ans, a réglé les 100 francs d'amende que l'entreprise neuchâteloise de transport unifiée TransN lui enjoignait de payer avant le 31 décembre. De mauvaise grâce, parce qu'elle trouve injuste le traitement dont elle est victime.

Le 21 novembre, Viviane, qui habite La Chaux-du-Milieu, grimpe à midi dans le bus interurbain pour Le Locle à la gare de La Chaux-de-Fonds. Elle est avec sa petite-fille, qu'elle était venue garder. Le bus est bondé, avec beaucoup d'étudiants. L'un d'eux se lève gentiment pour céder son siège à la dame (cela arrive souvent, dit-elle). Elle est soulagée parce que malgré sa canne elle craint plus que tout de tomber au démarrage. Le bus part d'ailleurs aussitôt.

Viviane prend sa carte multicourses dans son sac pour la donner à composter à sa petite-fille lorsqu'un contrôleur lui demande son titre de transport. "Il doit être monté en même temps que moi à la gare parce qu'il ne s'est pas passé deux minutes depuis que j'ai commencé de monter dans le bus" , dit la dame. Elle explique sa situation à l'agent en train de la verbaliser, qui lui répond que ce n'est pas son problème, qu'elle est assise sans titre de transport valable. Point. Tarif: 100 francs d'amende plus les frais.

Après l'incident, Viviane écrit à TransN pour contester l'amende salée, avec copie à son nouveau directeur Pascal Vuilleumier, l'ancien chef de l'Office cantonal des transports. Elle note en particulier que "pour les personnes à mobilité réduite, il serait sage de leur permettre de valider leur carte avant d'entrer dans les bus".

TransN répond juste avant Noël que l'entreprise ne met pas en doute la bonne foi de la dame et dit comprendre les problèmes particuliers des personnes âgées dans le bus. Mais toute personne contrôlée sans billet validé est en infraction. Comme Viviane n'a pas de "casier" à la compagnie de transports, elle exempte "à titre exceptionnel" Viviane des frais administratifs. Reste les 100 francs d'amende.

Viviane n'avale pas cette pilule TransN. Avec le car postal qu'elle prend ensuite pour regagner La Chaux-du-Milieu, c'est tout différent, dit-elle, les chauffeurs prennent même le temps de regarder si ça va. A comparer, "c'est de l'eau et du vin" . Le chef ad intérim de l'Office des transports Nicolas Wälti, sans juger le cas, qu'il ne connaît pas, estime qu'il appartient au contrôleur d'avoir le bon jugement. Si l'incident décrit par Viviane s'est effectivement passé comme elle le dit, l'amende peut effectivement paraître disproportionnée.

Le directeur de TransN Pascal Vuilleumier se dit un peu embêté par le cas soulevé par Viviane, même si effectivement le règlement, c'est le règlement. Une évaluation va être faite pour voir si la situation vécue par cette dame risque de se reproduire, évaluation qui pourrait déboucher soit sur la pose de composteuses extérieures à des endroits clés ou sur une information claire, selon les résultats. Préposée à l'information pour TransN, Caroline Liard conseille en outre aux personnes à mobilité réduite d'entrer par la porte avant vers le chauffeur. Quoi qu'il en soit, pour TransN, le dossier personnel de Viviane est clos. Elle ne reverra pas ses 100 francs.

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