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«L'obligation d'avoir sa pièce d'identité, c'est une légende»

L'affaire commence par un problème de parcage. Entre le policier et l'artisan, le ton monte. Ce dernier se retrouve au Tribunal de police de La Chaux-de-Fonds, accusé d'avoir refusé de révéler son identité. Il risquait 500 fr. d'amende. Un seul policier était convoqué comme témoin au Tribunal de police. Ils sont arrivés en binôme. «C'est beau!», a relevé la présidente Claire-Lise Mayor Aubert, un brin ironique. «C'est votre plaisir de venir au tribunal pendant vos congés?», s'est-elle étonnée. En 2004, l'appointé Ken (prénom fictif) se trouvait déjà dans la salle, après qu'une jeune fille, frappée par son excès de zèle, l'eut traité de «facho».

01 nov. 2007, 12:00

Cette fois-ci, c'est un plombier qui faisait opposition à l'amende de 500 fr. requise contre lui. Appelé en urgence pour arrêter une inondation qui menaçait d'envahir un immeuble, l'artisan avait trouvé, à l'issue de son intervention, l'appointé Ken occupé à verbaliser son véhicule. «Etre mal garé, on peut comprendre, quand les gens sont en dépannage», a-t-il expliqué, conciliant, à la présidente. «Mais là, c'était le cas...», lui a-t-elle fait remarquer.

Et pourtant. Le plombier et son collègue avaient bien tenté d'expliquer la raison de ce mauvais stationnement mais Ken, placide, continuait à noter le numéro de plaque, arguant qu'il avait essayé de joindre l'artisan sur son portable, en vain. Du coup, ce dernier s'est énervé. Ken lui a demandé de se calmer, tout en lui collant 220 francs d'amende. Cela aurait dû suffire. «Mais comme le font certains gendarmes pour asseoir leur domination», a rappelé l'avocat du plombier, «Ken a demandé ses papiers à mon client.» Celui-ci, qui ne les avait pas sur lui, a montré son permis de circulation au policier. Il n'y a pas jeté un regard.

«Le ton est monté», a expliqué le collègue de l'artisan, appelé à témoigner. «L'agent lui a fait comprendre qu'«ils» n'allaient pas le lâcher, Ken lui a dit un truc comme «on se reverra».

«J'avoue que je me suis un peu énervé», a reconnu le policier.

«Les gendarmes ont fait beaucoup de zèle, encore ce matin, en venant à deux, alors qu'on n'en a convoqué qu'un», a enfoncé l'avocat. Ils ont voulu aller jusqu'au bout, du genre «je vous ai à l'?il».

Or, si le métier de gendarme n'est de loin pas facile tous les jours, «il n'est pas admissible que la police élève le ton et devienne désagréable», a martelé la présidente. «Il s'agit de faire respecter la loi, pas d'en faire des histoires personnelles.» Le tribunal a donc abandonné les préventions de désobéissance à la police - «On ne peut pas parler de désobéissance quand le policier lui-même s'énerve» - et de refus de révéler son identité. Le scandale a tout de même été retenu. L'amende de Jean a été ramenée à 80 francs. /SYB

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