Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'histoire épique de l'éclairage du village puis de la ville

L'histoire de l'éclairage au Locle est épique. Les Moulins souterrains du Col-des-Roches lui consacrent un livre et une exposition. C'est aux Moulins qu'ont eu lieu les premiers essais de lumière électrique.

04 juin 2009, 04:15

«Nos pères alarmés par des bruits de vol et d'incendie résolurent comme moyen de sûreté et de tranquillité d'établir des réverbères dans le village du Locle.»

En 1824, l'assemblée de la compagnie du village rendait ainsi hommage aux pionniers de l'éclairage au Locle, qui avaient planté les premières lanternes à huile en 1782. On ne sait pas combien il y en avait. Caroline Calame, la conservatrice des Moulins souterrains du Col, retrouve le chiffre de 40 réverbères, mais pour 1862 lorsque l'on est passé au gaz.

Après un gros travail de recherche, la conservatrice publie «Les lumières de la ville», une histoire de l'éclairage au Locle éditée conjointement par la fondation des Moulins souterrains, les éditions G d'Encre et la «Nouvelle Revue neuchâteloise». Publication flanquée d'une exposition qui a été inaugurée hier à l'étage du musée des Moulins.

Pourquoi une telle exposition - technique, ce qui est assez nouveau - aux Moulins? Parce que les premiers essais loclois d'éclairage à l'électricité y ont eu lieu dès 1884, avec une dynamo actionnée par la turbine des moulins, explique Caroline Calame. C'était une première locloise, mais pas suisse. La première installation électrique permanente date de 1879 dans un hôtel de Saint-Moritz. A fin 1889, le canton de Neuchâtel en compte 14 (Zurich 81).

Si la conservatrice s'est attaquée au sujet de l'éclairage, c'est d'une part parce que Le Locle dispose d'un fonds d'archives «très impressionnant» sur le sujet. Mais aussi parce qu'elle était agacée d'entendre dire que Le Locle fut la première ville de Suisse éclairée à l'électricité. C'est faux. Mais la Mère-Commune peut tout de même s'enorgueillir d'avoir été la première municipalité qui a construit sa propre usine électrique, en 1890, à la Rançonnière, permettant de gérer elle-même les tarifs et débits, contrairement à d'autres villes plus importantes qui en avait confié l'exploitation à des sociétés privées.

Des débuts de l'éclairage au gaz jusqu'à l'électricité, l'histoire au Locle est «épique», juge Caroline Calame. Elle raconte volontiers le bras de fer au Conseil général entre modernistes tenant d'une centrale électrique et un Conseil municipal prudent - la technologie électrique n'était pas maîtrisée - qui préconisent une usine à gaz de houille. C'est un médecin, Auguste Pétavel, jugeant les émanations de gaz malsaines, surtout au Locle déjà bâti sur des marécages, qui a fait pencher la balance. Le principe de l'éclairage électrique passe par 18 voix contre 13. L'usine est construite pour 411 000 francs. C'est un succès. Deux ans plus tard, elle sature déjà.

Pour l'exposition, Caroline Calame a pu compter non seulement sur les riches archives du Locle, mais aussi sur beaucoup d'objets du Musée d'histoire, dont la collection est déposée aux Moulins. L'expo remonte loin (torche, lampes romaines et à pétrole) pour grimper avec beaucoup d'énergie jusqu'à la fin du 19e siècle. Une seule surprise: «On ne trouve plus rien pour illustrer la période du gaz», note la conservatrice. Des trois lampes exposées, deux viennent de Genève et une de Valangin. /RON

«Les lumières de la ville», en librairie et auprès des éditeurs, 24 francs. L'exposition au Moulins du Col-des-Roches est ouverte jusqu'au 31 mars 2010. Mercredi 10 juin, visite commentée par Caroline Calame. En septembre et octobre, visite commentée, ateliers pour les enfants et projection du film «L'électricité neuchâteloise» (1930)

Votre publicité ici avec IMPACT_medias