L'excision concerne la Suisse

La soirée contre l'excision, samedi dernier à la salle du Sacré-Cœur, a réuni nombre d'Africains et quelques Suisses. Marraine de Loucha, l'association organisatrice, la conseillère d'Etat Gisèle Ory a prononcé quelques mots, apportant son soutien à la démarche initiée par la styliste Odile Parel, Ivoirienne de La Chaux-de-Fonds.

Un défilé de mode a permis d'admirer la qualité de son travail. Ses créations sont taillées dans un tissu traditionnel, avec lequel sont confectionnés des pagnes. Le lien avec l'excision est étroit: les jeunes filles excisées reçoivent un vêtement fait de ce tissu. L'idée d'Odile Parel est de transformer symboliquement le lien entre ce magnifique tissu et l'excision: «Il n'y a pas besoin d'être excisée pour porter ce pagne!», a-t-elle lancé. L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en Suisse, Emmanuel Mamadou Diarrassouba, a salué l'initiative qui vise à «lutter contre une pratique culturelle qui porte gravement atteinte à la dignité humaine» et qui «doit être éradiquée», comme son pays s'y est engagé depuis 1998.

Sage-femme ayant travaillé avec Sentinelles (association créée par Edmond Kaiser), Anne-Marie Pillonel a rappelé que la Suisse étudie actuellement un projet de loi visant à réprimer les mutilations sexuelles commises en Suisse et commises à l'étranger par quiconque se trouve en Suisse. Car le phénomène touche la Suisse par le biais de l'immigration. En 2005, a-t-elle indiqué, on estimait que de 10 000 à 12 000 femmes proviennent de régions où les mutilations génitales sont pratiquées. Sur ce nombre, entre 6000 et 7000 femmes sont concernées ou considérées comme à risque. /lby