Nous en parlions dès l’ouverture du Musée des civilisations de l’islam (Mucivi) à La Chaux-de-Fonds en mai 2016. Dans la liste des organismes donateurs qui avaient contribué, pour quatre millions de francs, à la création de ce musée, figurait en bonne place Qatar Charity.
A lire aussi : La controverse attire les médias
Une organisation non gouvernementale (ONG), financée par la famille régnante du petit mais richissime émirat du Golfe persique, le Qatar. Les actions de cette ONG sont aujourd’hui au cœur du livre «Qatar Papers» des journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot.
Selon ces derniers, le Mucivi a reçu, entre 2011 et 2013, «au moins sept transferts de fonds pour un total de 1’394’916 francs suisses» de Qatar Charity. Des chiffres qui sortent de documents internes de l’ONG que les journalistes ont pu consulter. Un tableau de 2014 décrit 113 projets de mosquées et de centres islamiques qui ont bénéficié de 71 millions d’euros, soit environ le tiers de leur coût total. En Suisse, cela concerne des projets à Prilly, Bienne, Lugano et donc La Chaux-de-Fonds.
A lire aussi : Un musée et des millions qui font peur
Les époux Karmous
Il y a trois ans, la rédaction de «L’Impartial» avait contacté le journaliste français Antoine Peillon qui s’intéresse de près au couple installé à Neuchâtel, Mohamed et Nadia Karmous. Cette dernière est la directrice du Mucivi et la présidente de l’Institut culturel musulman de Suisse.
Selon Antoine Peillon, qui citait une note des Renseignements généraux français, «plusieurs rencontres ont eu lieu à Genève entre Ahmad Al-Hammadi, membre de Qatar Charity et Mohamed Karmous». Selon Antoine Peillon, Ahmad Al-Hammadi est un «membre de premier plan des Frères musulmans».
Proches des Frères musulmans
Selon le livre de Malbrunot et Chesnot, les Karmous sont très proches des Frères musulmans, une organisation islamique au discours radical. Nadia Karmous explique d’ailleurs avoir été recommandée par le cheikh Youssouf al-Qaradawi, éminence religieuse des Frères musulmans, pour lever des fonds en faveur du Mucivi.
En 2016, Nadia Karmous expliquait dans «L’Impartial» que Qatar Charity avait été cité «symboliquement. Il a principalement récolté des fonds pour les redonner ensuite au musée, C’est tout.» Dans le livre de Malbrunot et Chesnot, elle affirme que les responsables de Qatar Charity, lié contractuellement au musée, avaient demandé à voir le drapeau de l’ONG sur la façade du Mucivi, mais qu’elle avait refusé.