Boulanger de formation, le jeune Français domicilié à Morteau qui comparaissait ce mercredi devant le tribunal de La Chaux-de-Fonds n’en revenait pas de la «sévèrité de la justice suisse». En moins d’une année, il a cumulé quelque 20 000 francs d’amendes pour des infractions à la circulation routière... S’il reconnaissait ses erreurs, il espérait surtout que lui soit restitué, ou au moins «revendu», son véhicule saisi par la justice, une Audi A3.
Tout commence à l’automne 2016 où par deux fois, il est condamné pour infractions au code de la route à des jours-amende totalisant près de 6000 francs. Son autorisation de circuler en Suisse est alors suspendue à titre provisoire. «Boulanger de profession, j’ai des horaires qui ne me laissent pas le choix. Je devais conduire pour me rendre à mon travail».
Pas de voiture, pas d’emploi
Il se fait épingler en avril 2017 pour conduite sans permis et écope d’une nouvelle amende, sans sursis cette fois. Le juge renonce toutefois à révoquer les précédents.
A ce stade, le jeune homme aurait dû sentir passer le vent du boulet. Mais, toujours poussé par la nécessité de conserver son emploi, il continue à conduire, jusqu’à ce qu’il se fasse de nouveau pincer en août dernier. Là, les sursis sont révoqués et son véhicule est saisi. La justice envisage aujourd’hui de le vendre pour payer ses amendes et frais de justice. Ce qui n’arrange pas les affaire du boulanger. Sans voiture, il a perdu son emploi. Et avec ses 2000 euros de chômage, il désespère de pouvoir s’en sortir. Ironie du sort: sans attestation de vente, il doit continuer à s’acquitter de l’assurance du véhicule, soit 90 euros par mois. Convertir ses jours-amendes en prison? «Je perdrais mes droits au chômage», explique-t-il.
Présente à l’audience, sa mère, au bord des larmes, a confié avoir souscrit un emprunt pour éponger une partie de la dette. En France, son fils a déjà perdu les points de son permis. «J’avais un taux d’alcoolémie de 0,4‰ au lieu de 0,25‰ et j’avais fumé la veille. Le tribunal de Besançon m’a condamné à 180 euros d’amende, les frais de justice m’ont coûté 46 euros de frais (réd: contre 1200 francs pour la seule audience d’hier en Suisse) et repasser mon permis m’a coûté moins de 500 euros. En Suisse, c’est un autre tarif», a-til conclu.
Il devra patienter quelques semaines avant de connaître le verdict, et savoir s’il pourra récupérer son véhicule ou pas, et à quelles conditions.