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Ibsen revisité

16 mars 2011, 10:53

CRITIQUE - PAR TIMOTHÉE LÉCHOT

La modernisation est, sur nos scènes de théâtre, une sorte d'obsession. Pour souligner l'actualité de tel ou tel classique, de nombreux metteurs en scène inventent des décors contemporains, choisissent des costumes à la mode, sans oser toucher au texte, sans bousculer les habitudes d'interprétation. Loin d'habiller simplement la «Maison de poupée» dans des atours modernes, l'Argentin Daniel Veronese reconstruit sans la démolir la fameuse pièce d'Henrik Ibsen pour mieux l'habiter, pour qu'elle se contente de montrer ce qui nous concerne aujourd'hui.

Lundi dernier à La Chaux-de-Fonds, les spectateurs de L'Heure bleue accrochés aux surtitres français n'ont pas toujours saisi les nuances de cette réécriture en espagnol ni profité tout à fait du jeu expressif et varié – mais surprenant de naturel – des dix comédiens. Ces aspects-là sont pourtant centraux. En effet, les accessoires Ikea, les costumes simples, l'éclairage fixe, l'absence d'ambiance sonore et le décor fruste concentrent la puissance dramatique dans le texte et son interprétation. A eux seuls, les corps et les voix des superbes acteurs font le spectacle.

La «Maison de poupée» a été suivie d'un autre Ibsen remanié: «Hedda Gabler». Tandis que la première pièce donne à sentir l'enfermement douloureux d'une épouse dans un couple phallocrate, la seconde raconte l'étouffement d'une autre femme dans la médiocrité de son entourage. L'une et l'autre se répondent et se complètent dans un jeu d'échos explicites ou discrets. Dans ce projet double mais cohérent, un mouvement continu s'engage entre la sensation et la réflexion, entre le réel et le théâtre, entre Ibsen et nous.

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