Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Des lycéens chaux-de-fonniers jouent les œuvres d’art

Les objets exposés, ce sont eux: 20 élèves du lycée Blaise-Cendrars, à La Chaux-de-Fonds, engagés dans une performance décoiffante. A voir au Grand-Cachot-de-vent, samedi 22 septembre.

19 sept. 2018, 16:04
Peu à peu, la performance des lycéens prend forme.

«Exposition de personnes». Avec un tel titre, tous les jeux sont permis. Encadrés par les professeurs de musique, François Cattin et Bernt Frenkel, 20 étudiants du lycée Blaise-Cendrars vont s’approprier la ferme du Grand-Cachot, à La Chaux-du-Milieu. Cette performance en forme d’exposition dans l’exposition questionne l’impact d’une œuvre, le geste artistique, la place du musée dans la société. Explications.

Le musée se donne en spectacle

Le spectacle au musée, c’est tendance. Le Louvre invitait Pierre Boulez et Patrice Chéreau à investir les lieux. La fondation du Grand-Cachot, elle, mise sur des lycéens en option musique pour faire résonner l’ancienne ferme de clameurs contemporaines. L’événement s’inscrit dans le cadre des 50 ans d’exposition du Grand-Cachot. «L’enjeu était de trouver un concept qui fonctionne dans ce lieu très particulier, compatible avec les contraintes de temps d’un cadre scolaire», précise l’initiateur du projet, François Cattin. Alors, évidemment, ce n’est pas du Chéreau et ce n’est pas le but.

C’est quoi le concept?

L’idée est de mettre en perspective les œuvres d’art du Grand-Cachot et les œuvres incarnées par les jeunes musiciens- chanteurs-acteurs, autour d’une réflexion sur le rôle d’un lieu d’art.«Pourquoi une œuvre est-elle suspendue au mur? Est-ce moi qui regarde l’œuvre ou l’œuvre qui me regarde?», questionne François Cattin, compositeur, chef d’orchestre, enseignant, spécialiste des aventures artistico-pédagogiques audacieuses. «Nous n’avons pas travaillé sur les tableau en tant que tels, mais sur la manière dont ils agissent sur le spectateur.»

Quand la musique est bonne 

Les jeunes musiciens ont travaillé sur différents matériaux: des partitions (de Monteverdi à Radiohead); des textes (de Thomas Hirschhorn à leurs propres créations); des images chocs primées au World Press Photo. Puis, réunis en répétition au Grand-Cachot le week-end dernier, ils ont cherché à faire jouer ces éléments avec les tableaux exposés. Et ça donne quoi sur scène? «Le spectacle va s’auto-créer», avertit François Cattin dans un petit sourire sibyllin.

«Je suis un artiste»

«Je suis un artiste, je ne suis pas un travailleur social. Le Musée est une œuvre d’art, ce n’est pas un projet socioculturel...»  Sur tous les tons, les adolescents scandent la profession de foi de Thomas Hirschhorn. Les mots du trublion du microcosme culturel suisse se font musique, manifeste, menace. «Un artiste passionnant» pour François
Cattin. «Il a un vrai discours sur la fonction de l’art et non sur l’art en tant qu’esthétique». Pile poil dans la cible du spectacle.

Transformer la vie

Mais au fait, l’art sert à quoi? «A transformer la vie!»  Le credo de François Cattin est sans appel: «La force de transformation de l’art peut passer par l’esthétique, mais ce n’est pas une fin en soi. Pourtant, on visite rarement un musée dans cette perspective». Même chose pour les concerts. On y va rarement pour s’y transformer. Ce musicien
classique se serait-il trompé de chapelle? «Non», répond François Cattin. «Mais je ne veux pas pour autant me satisfaire de l’esthétique, c’est tellement plus intéressant d’explorer le flou des frontières.»

Cette performance est à découvrir dans cet esprit. «Nous fonctionnons plus comme une troupe que comme une classe d’école. Je ne suis pas là pour apprendre aux élèves des choses, mais pour les leur faire vivre. Nous nous interrogeons ensemble, nous combinons ma musique et leur musique, leur regard et mon regard. Travailler ainsi est tellement stimulant». Et là, on dirait du Chéreau.

Infos pratiques

Grand-cachot-de-vent: performance, samedi 22 septembre à 20h.

L’exposition du 50e de la fondation du Grand-Cachot se termine dimanche 23.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias