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Anton Tchekhov ou Sylvie Vartan?

27 nov. 2009, 10:57

CRITIQUE -
PAR TIMOTHÉE LÉCHOT

«Il n'y a que les chansons de variété qui disent la vérité»: ce long titre désigne l'adaptation d'une pièce interminable, le «Platonov» de Tchekhov, par Alexandre Doublet et sa compagnie romande. Se réappropriant très librement l'½uvre de jeunesse de l'écrivain russe, le metteur en scène la découpe en quatre parties, qu'il souhaite représenter sur plusieurs années. Le premier acte (ou épisode) de cette pièce série a provoqué des réactions tranchées dans le public du Théâtre populaire romand, mercredi dernier à La Chaux-de-Fonds.

C'est que Doublet fait des choix audacieux, sinon provocateurs. D'une part, il opte pour une ½uvre longue, qui thématise l'échec et l'ennui. Conviés à une fête amicale et familiale dans le jardin d'Anne, neuf trentenaires sans projets font le constat minable de leur dés½uvrement. A partir d'un tel canevas, il n'est pas facile d'éviter que l'invincible lassitude des personnages ne finisse par gagner les spectateurs.

D'autre part, le metteur en scène s'essaie à une brutale modernisation. Le décor en plastique et en carton, le jeu stéréotypé et déshabillé des comédiens, l'emploi d'un micro et l'intervention de bruitages superposent au jardin torride de la fête l'ambiance artificielle d'un plateau télé ou d'un studio de sitcom. Chantés en live ou en playback, des classiques de la variété ajoutent une dimension nostalgique et ringarde à la peinture d'une jeunesse déjà vieillissante. Pour Doublet, il s'agit de retrouver, dans l'apparente niaiserie des chansons, les émotions les plus simples et donc les plus sincères.

Cependant, cette esthétique du superficiel souligne mal la complexité de Michel (ou Platonov), le personnage central, dont le regard cynique perce la médiocrité des autres convives. Une telle création se révèle trop hétérogène pour arracher l'adhésion de tous les spectateurs. Quant aux cabrioles des acteurs et aux facéties très légères, elles n'ont pas la consistance suffisante pour faire basculer la comédie de Tchekhov dans une farce jouissive.

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