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Acouphènes: un musicien chaux-de-fonnier raconte son calvaire

La Boîte à Frappe organise ce vendredi à La Chaux-de-Fonds une conférence sur les acouphènes. Un mal qui menace entre autres les musiciens. Le batteur chaux-de-fonnier Yannick Oppliger n’y a pas échappé. Il nous raconte son calvaire.

10 mai 2017, 14:51
/ Màj. le 11 mai 2017 à 13:00
Le batteur Yannick Oppliger souffre d'acouphènes depuis près de 9 ans.

Il s’était pourtant promis de ne jamais attraper ce mal qui menace particulièrement les batteurs. Et malgré les précautions prises tout au long de sa carrière, le musicien chaux-de-fonnier Yannick Oppliger n’y a pas échappé.

Depuis 2008, le batteur professionnel souffre d’acouphènes: un sifflement ou un bourdonnement qui peut être perçu temporairement ou pire, de façon permanente dans la tête de celui qui en est victime. "Quand c’est arrivé, je sortais d’un mois de studio. On jouait de la musique sept heures par jour". Sans oublier les 3-4 heures d’écoute quotidienne. "Je suis rentré épuisé avec la tête comme ça", mime-t-il les mains autour de son crâne.

"C’est comme une plaie à l’intérieur"

Trois jours plus tard, un son suraigu, comme un souffle, résonne dans sa tête. Un son qui persiste depuis maintenant neuf ans. Et auquel il a fallu s’habituer pendant des mois. "Au début, c’était dur. Je n’arrivais pas à dormir, car plus c’est silencieux, plus on a tendance à écouter l’acouphène".

A ce souffle continu, s’ajoute une hypersensibilité aux bruits. "C’est comme une plaie à l’intérieur. Ne serait-ce que le bruit d’une casserole qui tombe, cela me fait réagir". Une gêne qui le force à éviter les endroits bruyants. "Les lieux mal insonorisés comme les magasins avec résonance, ça m’agresse".

De la musique aux toilettes de la gare

Parlons-en des lieux bruyants. Yannick Oppliger, dont le souffle aux oreilles atteint son paroxysme en fin de journée, en concède: "Nos oreilles sont sans cesse sollicitées. Aux toilettes de la gare, on a de la musique. Dans les magasins, dans la rue en face de chez nous, partout".

Car la musique, ça vend une ambiance. Pas étonnant alors d’apprendre que le son dans les soirées électro augmente au fur et à mesure de la nuit pour faire monter la sauce. Choc auditif, grande exposition, choc émotionnel ou encore le stress comptent parmi les causes de ce mal qui touche pas moins des 20% de la population suisse.

L’acouphène, ne serait-ce dès lors pas une maladie bien de notre temps? "On est dans un monde où le son est devenu un business pour attirer les gens», précise le batteur, lui-même gérant d’un magasin à La Chaux-de-Fonds. «On ne met pas tout le temps de la musique. Les clients sont étonnés quand il n’en entendent pas!"

Nos oreilles sont devenues un produit et, ironie du sort: on ne le sait pas. On y participe même. Yannick Oppliger s’étonne d’ailleurs qu’il n’y ait pas de prévention dans les écoles.

Une conférence pour prévenir et conseiller

"C’est aussi pour cela que la BAF! organise cette conférence. Afin de faire de la prévention. Même s’il risque d’y avoir surtout des gens atteints d’acouphènes", plaisante-t-il. L ’école de musique tient également à présenter les moyens possibles pour s’accoutumer à son acouphène.

La directrice du Centre de l’écoute à La Chaux-de-Fonds, Hannelore Etchebarne, spécialisée dans la thérapie de l’écoute, sera ainsi également présente. Le batteur professionnel n’a pourtant pas, pour sa part, envisagé de se soigner. Il assure avoir une version légère de ce mal. "Il y en a qui ont des acouphènes dans les sons graves. Là c’est terrible".

S’il admet éviter certains endroits, Yannick Oppliger continue à faire de la musique sans problèmes. "Et le sifflement est dans mes deux oreilles, ça équilibre le tout", sourit-il.

Clara Sidler, a+ La Chaux-de-Fonds Le Locle

Infos+

Conférence sur les Acouphènes à la BAF! & Cocoon,
Léopold-Robert 9, La Chaux-de-Fonds, vendredi 12 mai, 18h30, entrée gratuite

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