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A l'écoute de la ville avec un compositeur contemporain

22 mars 2011, 10:50

Le petit train rouge des CJ, on l'a entendu siffler deux fois samedi vers midi. Dans le fracas de la circulation, c'était bien le son le plus sympa qu'on pouvait percevoir du haut du pont du Grenier.

Sous l'égide de l'ABC, une promenade insolite était organisée en compagnie du compositeur valaisan Pierre Mariétan. De l'écologie sonore, l'art d'appréhender son environnement par l'écoute, qui a mené une vingtaine de participants, avec ou sans parapluie, de l'ABC à Espacité. Avec des points d'écoute où chacun était invité à observer trois minutes de silence, car pour bien écouter, il faut commencer par ne pas parler.

A chaque escale, après quelques explications historiques de la guide Irène Brossard, Pierre Mariétan invitait les marcheurs à déterminer ce qu'ils avaient perçu, ou vraiment entendu. Parmi les considérations générales: La Chaux-de-Fonds est une ville où les sons ne portent pas loin, vu son plan en damier. Et ce qui le surprenait aussi, «c'est l'intensité des sons qui sortent des cafés. Les gens luttent pour se faire entendre, c'est une fatigue énorme! Je me demande si ce n'est pas une compensation au vide acoustique de la ville...» Arrivée place du Marché: «Ecoutez... c'est la première fois qu'on se trouve dans une ville, il y a des gens, il y a une foule de choses qui se passent. Des bruits incongrus, comme ces plastiques protégeant les bancs qui flottent. Et puis subitement, on entend une voix qui n'a rien à faire par là, c'est quelqu'un qui téléphone. C'est aussi incongru que ces plastiques qui flottent, mais bon, aujourd'hui, c'est comme ça...» Place de l'Hôtel-de-Ville: «Ce n'est pas une place, personne ne s'y attarde, c'est un carrefour! Les gens ne se rencontrent pas, ils essaient tous de passer le premier». Remontant vers la rue du Rocher: «Vous avez entendu cette ventilation? La nuit, ça doit être terrible!» Dans le parc des Musées, les CJ qui sifflent semblent répondre aux voix d'une bande d'enfants. «C'est comme un contrepoint, c'est un jeu très joli, cette correspondance sonore». Dans le belvédère d'Espacité, tous les sons sont étouffés: «C'est horrible, des lieux comme ça pour un non-voyant. Et ce n'est pas parce qu'on est voyant qu'il faut accepter cela. Il faut être attentif dans la vie, si on a une possibilité de choix». Par exemple, en allant acheter ou louer un appartement, «ne regardez pas uniquement l'ensoleillement. Vous allez le visiter à 3 heures de l'après-midi, vous le trouverez formidable, et la première nuit, ce sera invivable, le trafic devient beaucoup plus perceptible».

D'un autre côté, «trop de silence n'est pas acceptable, on commence à écouter son corps. Dans une chambre sourde, c'est insupportable, on ne tient pas une heure!»

Conclusion de l'exercice: «Le regard sur notre environnement n'est pas si vieux, il date du 14e siècle, avec les peintres qui ont commencé à le représenter. Mais nous en sommes encore à la préhistoire de l'environnement sonore...» /cld

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