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Mois sans supermarché: une démarche utile?

Des Neuchâtelois s'engagent à ne pas s'approvisionner dans un supermarché durant le mois de février. Une démarche utile? Face-à-face entre Léa Candaux Estevez, initiatrice du mouvement, et Grégoire Tissot, président du Groupement neuchâtelois des grands magasins.

31 janv. 2018, 10:08
Un mois sans supermarché. Les Neuchâtelois suivront-ils la démarche.

Léa Candaux Estevez: "Coup de pouce"

J’organise cet événement avec le blog En vert et contre et Arbolife. L’année dernière, la première édition a été organisée de manière très spontanée. Les particpants qui reviennent cette année émettent beaucoup d’avis positifs. Le but n’est pas vraiment de contrer les supermarchés, mais de donner un coup de pouce aux petits magasins. 

Nous nous sommes aperçus que février est un des mois les plus compliqués pour les petits commerçants. C’est une manière de les appuyer, de permettre aussi aux gens de se questionner sur leur comportement, de voir si tel produit je peux l’acheter ailleurs, comment nous pouvons faire autrement. Nous n’allons pas au-delà du mois de février. En plus c’est le mois le plus court de l’année.

Pour certains produits, c’est un peu compliqué. Le groupe Facebook est là pour répondre aux gens, partager des adresses. En ce moment, il y a 30 à 40 demandes par jour. Evidemment, il existe plein de bonnes adresses que nous pouvons échanger entre les participants. Il n’est pas nécessaire de respecter à 200% la démarche. On peut choisir un type de produit à acheter ailleurs qu’au supermarché. Il est aussi possible qu’il ne soit pas possible d’acheter un produit ailleurs. Les gens peuvent également ne pas pouvoir éviter les supermarchés pour des questions de temps. Nous sommes très souples quant à cette initiative.

Personnellement, je le fais beaucoup plus sérieusement pendant le mois de février. J’ai des commerçants que j’apprécie beaucoup et je continue d’aller chez eux. Il y a d’autres produits que je continue d’acheter en supermarché. Je me réjouis de tout ce que nous allons partager. Ce sera chouette.

Grégoire Tissot: "Simpliste"

L’idée de favoriser le commerce et l’artisanat de proximité est tout à fait louable. Elle est même partagée, largement, par la grande distribution que cette initiative attaque pourtant. 

Opposer les uns (commerce de proximité) aux autres (supermarchés) traduit une vision simpliste de la situation. C’est là une démarche très paradoxale, ou qui relève d’une certaine ignorance dans la grande distribution. 

D’une part, les deux grands géants orange de la distribution en Suisse sont des coopératives qui appartiennent à de nombreux Suisses et non à de «riches actionnaires». D’autre part, les labels régionaux et de proximité ont pris une part prépondérante dans l’assortiment des grands magasins. 

Coop recense ainsi 3000 références de label régional et 3000 produits bio (certains appartenant aux deux labels). Migros est le plus gros client de l’agriculture suisse, en achetant plus de 20% de la production annuelle. Sur l’assortiment de ses denrées alimentaires, près de 70% sont produites en Suisse. 

Rappelons également qu’en 2015, Migros a été désigné détaillant le plus durable au monde! Les deux enseignes collaborent étroitement avec le monde agricole et paysan, ainsi que l’artisanat local. Vouloir les boycotter, c’est se tirer une balle dans le pied.
On peut résumer l’initiative à une fausse bonne idée. Enfin, n’occultons pas que le commerce de détail est un secteur en difficulté, mais pourvoyeur de nombreux emplois. À l’échelle cantonale, ce sont plus de 6000 emplois que recense la branche et que menacent ce  genre d’initiatives.

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