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Moi, je les aimais bien les saints, jusqu'à l'autre jour

22 janv. 2011, 07:13
Benoît XVI aurait-il fait une bulle en nommant in petto «bienheureux» son prédécesseur Jean Paul II? Le statut de bienheureux, c'est la voie royale et divine qui mène droit à la sainteté. Moi, les saints, je les aime bien parce qu'ils entretiennent une esthétique de l'extraordinaire et du merveilleux. Surtout, ils nous foutent la paix aux côtés d'un Deus otiosus, un dieu caché qu'il vaut mieux ne pas invoquer, puisque l'homme n'arrête pas de guerroyer en son nom. Ce que j'aime bien chez le saint, c'est qu'il est un homme d'ici habitant les arrières-mondes. On les convoque comme les dieux de l'instant, chez les Romains, celui de l'érotisme, du plaisir ou du clin d'½il à ses amis disparus de notre vue et qui, tout à coup, nous envahissent l'esprit et nous font du bien. «La vie des Saints du Jura» de Pierre-Olivier Walzer nous offre un superbe exemple de sensualité et d'érudition iconophile. Parmi ces enjolivures de l'esprit, moi je les aimais les saints, jusqu'à l'autre jour, où Jean Paul le Second a été mis sur la marche des bienheureux. Pourquoi le grand faiseur de ponts, le pontifex a-t-il choisi le souverain pourfendeur de l'avortement et cachottier de bénitier sur les enfants touchés par la grâce comme candidat aux pouvoirs célestes? Il ne lui reste plus qu'à vouer l'abbé Pierre et mère Teresa aux gémonies. Côtés prêtrise, il en est un, le père Aristide, ancien dictateur, qui rêve de se retrouver en odeur de sainteté en Haïti pour reconfisquer ce qui reste du saint-frusquin du pays. En attendant, je ne puis que me borner à cette sainte béatitude: «Bienheureux celui qui sait rire de lui-même, car il n'a pas fini de rire».

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