Les deux sondages publiés dimanche et mardi ont semé une belle pagaille dans la classe politique française. Dans les deux cas en effet, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote pour la présidentielle de 2012. La cheffe de l'extrême droite l'emporte, de peu il est vrai, sur les socialistes Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn. Elle devance Nicolas Sarkozy plus nettement encore. Un comble lorsque l'on sait que le président n'a cessé d'émarger au fonds de commerce du Front national, en ouvrant notamment un débat controversé sur l'immigration, l'identité nationale et la place de l'islam dans la société. Du coup, pour une fois unis dans un opprobre commun, les élus des deux bords reprochent violemment à Sarkozy d'avoir conduit une politique suicidaire en se rapprochant des thèses frontistes.
Et les tendances de fond persistent. La cote de Sarkozy est en chute libre. Au sein d'une gauche divisée, Martine Aubry manque à la fois de profil et de charisme. Quant à Strauss-Kahn, un grand bourgeois fortuné, on se demande en quoi le patron du Fonds monétaire international, parangon de la mondialisation, incarnerait le candidat idéal de la gauche.
Ces premiers sondages, toutefois, servent souvent d'exutoires aux humeurs noires d'un électorat désabusé. Lors du premier tour de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen avait éliminé, énorme surprise, le socialiste Lionel Jospin. Chirac l'avait pourtant emporté, au final, face au même Le Pen par 82% des voix. Sarkozy rêve sûrement d'un tel scénario, encore lui faudra-t-il franchir le premier tour...
