Quelle chaleur. Avec la grâce d'un plâtrier, la main pleine de sommeil, je décolle une première paupière, puis la seconde. Je scrute l'obscurité, calé dans mon lit, les pieds à l'air. C'était quoi ce bruit? Du coin de l'½il, je maudis la série de LED qui clignote dans la case des heures et la poussière de minutes qui l'accompagne. D'où venait ce bruit. J'attrape le fil de la lampe de chevet, remonte jusqu'à l'interrupteur
D'un coup, je rapatrie mes pinceaux sous le duvet. Encore ce bruit. Une bestiole dans ma cuisine? Un razorback? Impossible. Porte et fenêtres sont closes. Un cambriolage? Une apparition? Bob l'éponge, Alf, le capitaine Caverne?
Ça recommence. Ça se rapproche. Cette fois-ci ça vient de derrière la porte. Allez, je chope la lampe, me jette sur l'intrus et l'empale avec un polar écorné. Ou alors je fais le mort? Le mort c'est bien. Pas question de risquer ma vie pour un téléviseur 4/3 même pas plat. Un lâche, moi? Courage mon gars, les serials braqueurs de meubles en kit ça n'existe pas. Le plan: je m'lève, propulse le duvet et hurle à la mort Bien imaginé, reste qu'à peine ai-je glissé un cil par-dessus les draps que quelque chose se fracasse sur le lino du hall d'entrée. Ça y'est Je me fige. Seul le bruit de chasse d'eau du circuit de chauffage se fait désormais entendre. Comme un seul homme je me jette dans le couloir Personne. Trois minables morceaux de scotch me narguent accrochés au stupide poster qui gît sur le sol. Leur chef, un quatrième bout d'adhésif, me toise bien arrimé sur le mur en face. Vous parlez du casse du siècle!