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Les fossés, c'est d'abord dans la tête

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, suisse ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Stéphane Devaux, co-rédacteur en chef, évoque la cohésion cantonale neuchâteloise.

26 févr. 2018, 15:00
La marche du 1er Mars: un symbole de la cohésion cantonale?

A force de s’entendre dire qu’il souffre d’un déficit de cohésion, le canton de Neuchâtel va finir par croire que c’est vrai. Et le risque qu’il court, c’est que, plutôt que de se soigner, il se complaise dans cet état. C’est un phénomène universel: les fossés, les röstigraben et les murs, c’est d’abord dans les têtes qu’ils s’érigent.

D’abord, et les propos échangés lors d’un récent café scientifique de l’Université de Neuchâtel l’ont confirmé, le clivage Haut-Bas n’est pas une fatalité. Il n’est pas non plus l’héritage d’une histoire toute remplie de contentieux et de dominations. Certes, pendant plusieurs siècles, les hautes vallées neuchâteloises ont été placées sous la domination des seigneurs du Bas, Valangin puis Neuchâtel. Mais cela n’a pas trop entravé le développement desdites vallées, qui ont su trouver leur voie propre, grâce à l’opiniâtreté et le savoir-faire de ses habitants.

Par ailleurs, l’avènement de la République en 1848 (entre parenthèses, la seule qui ait perduré depuis lors dans toute l’Europe) a renvoyé au reste de la Suisse l’image d’un canton uni, alors que d’autres, comme Bâle ou le Tessin, s’entre-déchiraient.

Evidemment, les choses se sont gâtées dans le dernier quart du siècle dernier. La faute aux crises successives qui ont balayé l’idée (ou bien n’était-ce qu’une illusion?) que le génie industriel des Montagnes garantirait à tous une prospérité éternelle. Il a fallu se réinventer, se trouver un nouvel avenir, diversifier son tissu économique. Avec pas mal de succès quand même, faut-il le rappeler.

Mais c’est aussi tout un environnement, régional, national, international, qui a été bouleversé. Les années 2010 et 2020 ne sont pas les années 1960 et croire que l’on pourrait faire revivre un passé souvent idéalisé n’a aucun sens.

Le petit Etat de Neuchâtel, minuscule à l’échelon mondial, dispose pourtant toujours de ressources incomparables, aussi bien naturelles qu’humaines. Sans doute y a-t-il encore beaucoup à faire pour les mettre en lumière, mais aussi pour redresser certains déséquilibres régionaux patents – et nous avons la conviction que les autorités cantonales actuelles s’y emploient avec beaucoup d’énergie et de discernement – mais il serait vain et contre-productif de ne se focaliser que sur ce qui divise.

Après tout, en 1848, il n’y avait pas de tunnels pour réduire les distances. Alors, prenons-les, ces tunnels, pour découvrir l’Autre!

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