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Les Afghans retournent aux urnes

31 oct. 2009, 11:21

L'homme était immobile, seul sur un banc. Son regard portait bien au-delà de l'horizon, mais ce qu'il voyait ne devait exister que dans sa tête, grise et sans âge. Son détachement était impressionnant, presque palpable: pas un tressaillement malgré le froid et malgré une escouade de corbeaux décoiffés qui criaient en tournoyant devant lui. A se demander s'il respirait encore.

On le sentait ailleurs, très loin, tentant de s'orienter dans un labyrinthe de souvenirs estompés, de paroles non dites et de rêves cabossés. Peut-être à la recherche d'une âme s½ur perdue bien trop tôt, dont il revoyait la robe à carreaux verts et gris, mais plus la couleur des yeux, fermés depuis tant d'années. D'aussi longs regrets pour un vol si bref entre berceau et cercueil.

Ou, qui sait, s'était-il embarqué il y a longtemps pour une quête du Graal, qui l'avait ballotté des tempêtes boréales aux mirages du désert, des glaces éternelles aux torpeurs de la jungle. Il avait traqué partout ce trésor qui fuyait, questionnant des êtres difformes dans des langues disparues. Il avait fini par débarquer, épuisé, dans un au-delà jonché de dieux morts gisant les pattes en l'air.

Sa quête n'aboutirait donc pas. Pire: ne sachant plus vraiment ce qu'il cherchait, il commençait à réaliser qu'il ne le saurait jamais. Il errait ainsi dans un non-sens lourd de naufrages. Il faudrait… Tiens il est parti! Et le banc a disparu lui aussi, et les corbeaux…

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