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Le royaume de l'aller-simple, une destination où les visiteurs sont rares

26 oct. 2009, 11:41

Il est un territoire où même le plus intrépide des baroudeurs ne s'aventure qu'à reculons. Mais je ne parle pas du pays de l'ethnie baloutche où disparaissent les touristes, ni des eaux somaliennes où sévissent les pirates sans foi ni loi.

Là-bas, j'ai croisé des regards vides mais ce n'étaient pas ceux des disciples en costume immaculé de l'exotique ashram «Aie confiance et rendors-toi» coincé entre la mer d'Arabie et les magnifiques lagunes du Kerala. J'y ai aussi vu des sourires béats illuminer d'émouvants visages ratatinés, ce n'étaient pas ceux des sages à barbe blanche croisés au fin fond de la Chine millénaire qui préparent du thé vert dans d'antiques poteries pendant que le gong résonne dans le jardin sacré où embaument les fleurs de lotus. Non.

Dans un home du coin, j'ai croisé par hasard Marie-Thérèse, en larmes, qui ne retrouvait plus sa chambre. «On devient fou ici, vous savez!» m'a-t-elle confié, inconsolable. Une fois dans sa chambre, elle n'a pas reconnu ses meubles. «Et qu'est ce que je fais maintenant, j'attends?», a-t-elle demandé, perdue. Elle sanglotait, elle appelait «maman», cramponnée à moi comme le sac-à-dos ventral au touriste... «Vous reviendrez?» elle a supplié quand j'ai réussi à me dégager. Oui, j'ai promis, je reviendrai dans votre pays, dans votre réalité qui sent un peu le pipi. Je reviendrai samedi. «Je serai peut-être morte...», elle a espéré les yeux brillants.

Les homes sont des pays peuplés de fantômes. Parmi eux, il y a cette petite fille de 86 ans qui m'était complètement étrangère jusqu'alors, et qui m'attend depuis, chaque samedi.

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