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«La peur accompagne forcément ce retour à la normale»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

A une semaine du retour en classe de ses élèves, Myriam Facchinetti tire un bilan intermédiaire de l’école à distance et va, malgré les inquiétudes, construire la rentrée sereinement.

04 mai 2020, 16:00
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Cette fois, la décision est tombée: l’école obligatoire va reprendre le 11 mai, par petits groupes. Cette décision me réjouit: je vais pouvoir retrouver mes élèves, ma classe, ainsi qu’un semblant de normalité.

De mon côté, l’école à distance a plutôt bien fonctionné, si on parle juste de matière scolaire à donner. J’ai développé des compétences dans la transmission du travail, notamment en apprenant à utiliser des plateformes de distribution numérique, ainsi que des moyens qui facilitent l’utilisation de l’enseignement en ligne pour mes élèves.

Difficile à établir

Mais une chose est sûre: en n’étant pas à leurs côtés, j’ai perdu des élèves en cours de route. Trop difficile, de travailler sans l’appui de la maîtresse au-dessus de son épaule? Décourageant, ce travail tout seul, chaque jour annoncé en un seul bloc pour la journée? Déstabilisant, le fait de ne pas avoir une structure horaire bien définie, à la maison? Difficile d’établir ce qui a coincé, à un moment ou à un autre. Pour moi, il n’a pas toujours été évident non plus de trouver les mots exacts pour motiver, pour encourager. Difficile de ressentir ce juste milieu entre «ne pas lâcher l’élève et ne pas l’obliger non plus».

Dans ce contexte d’école sans la présence de la maîtresse ni des autres camarades de classe, chaque enfant a réagi différemment. J’ai eu de très belles surprises, des comportements volontaires et persévérants que je ne soupçonnais pas chez mes élèves. Il y a eu quelques déceptions aussi, là où j’imaginais une continuité assidue et où je n’ai plus eu aucune nouvelle.

Chacun est libre

Mais peu importe, finalement. Chacun est libre de réagir comme il peut, dans une situation de crise et d’angoisse. A l’impossible, nul n’est tenu. L’école, ce n’est pas ce qui s’est passé au mois d’avril 2020. L’école, c’est le contact, les relations humaines, la vie ensemble. L’école, c’est mes élèves et moi, enfin réunis. Je me réjouis de les retrouver, de pouvoir échanger avec eux sur ce moment difficile de leur vie d’enfant.

La peur accompagne forcément ce retour à la normale. Les parents ont peur, les enseignants aussi. Personne ne sait ce qui va se passer, dès le 11 mai prochain. Mais nous allons construire ce retour en classe, sereinement. Cette semaine y sera consacrée.

Cette période de confinement, entre parenthèses, aura eu au moins le mérite de redéfinir des priorités. Le but est de poursuivre dans ce sens. Et de redonner sa place à l’école, dans une société qui, souvent, la maltraite et ne l’apprécie pas à sa juste valeur.

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