Lauréat du Nobel de la paix moins de neuf mois après son arrivée au pouvoir, Barack Obama détient à coup sûr le record de rapidité dans l'attribution de la prestigieuse distinction suédoise. Nombre de ses prédécesseurs ont en effet dû attendre le soir de leur vie pour parvenir à cette reconnaissance internationale.
Certes, le discours d'Obama est radicalement différent de celui de George Bush. A contre-pied de l'idéologie primaire véhiculée par son prédécesseur, Obama, propose une véritable vision du monde fondée sur le dialogue. Ecartant l'unilatéralisme stérile dont Bush se faisait le porte-voix, Obama a rapidement imposé un ton véritablement présidentiel, bien loin du catéchisme néoconservateur rabâché jusqu'à réplétion par le locataire précédent du bureau ovale.
En quelques mois, propulsé par un charisme rare, Obama a su tendre la main au monde musulman, donner une impulsion nouvelle au processus de paix au Proche-Orient, renouer avec la Russie et relancer les discussions sur la non-prolifération des armes nucléaires.
Seulement voilà, ce premier bilan, aussi brillant fût-il, n'est pas encore accompagné de résultats concrets. Le revers le plus cuisant, parce que c'est là que les progrès auraient pu être les plus rapides, revient au Proche-Orient. Confronté à l'intransigeance de l'extrême droite israélienne au pouvoir, Obama n'a pu parvenir, comme il l'aurait voulu, à la moindre avancée dans le processus de création d'un Etat palestinien alors que la colonisation en Cisjordanie occupée n'a cessé de s'accélérer. Par ailleurs, du Soudan à l'Afghanistan et de l'Irak au Yémen, l'état du monde n'a pas connu d'amélioration notable.
Le comité du Nobel a donc pris un risque énorme en attribuant aussi rapidement ce prix à Obama, celui surtout d'être désavoué dans les faits, et partant de perdre en crédibilité.
Mais c'est aussi là toute l'originalité de ce Nobel 2009: honorer non l'uvre d'une vie, mais la naissance d'un espoir. Avec le dessein de contribuer, en lui conférant une aura exceptionnelle, à le voir devenir réalité.