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La dette sans fard

23 juil. 2011, 08:36

La dette astronomique de la Grèce - 350 milliards d'euros, soit 160% de son produit intérieur brut - inspire toujours les agences de notation. Hier, la franco-américaine Fitch s'apprêtait à placer le pays dans la catégorie «défaut partiel de paiement», juste après l'annonce du nouveau plan d'aide européen de 160 milliards d'euros destiné à lui éviter la faillite. Fitch, pourtant, affirmait dans le même souffle qu'elle jugeait positif l'accord conclu. Autrement dit, quels que soient les efforts déployés pour maintenir la Grèce à flot, les agences continuent d'entretenir cet infernal cercle vicieux qui consiste à abaisser la note d'un pays en prévision de difficultés supposées, et du même coup de faire monter les taux d'intérêts des prêts qui lui sont consentis, aggravant encore sa situation.

Bien sûr, la Grèce a déçu. Corruption, blocages institutionnels, fraude fiscale, comptes nationaux truqués pour abuser l'Union européenne - qui s'y est d'ailleurs laissé prendre avec une naïveté suspecte - n'ont rien arrangé. Mais les drastiques mesures d'austérité imposées initialement à Athènes étaient tout simplement irréalistes pour une économie aussi faible. Il a cependant fallu en arriver là pour voir les Européens se résoudre à admettre un défaut partiel de paiement. Mais un défaut par rapport à quoi? Par rapport à des taux monstrueusement, et artificiellement élevés - de 16 à 17%, contre 2,5% pour la puissante Allemagne - plus proches de l'usure que d'un compromis viable.

Pour l'économie suisse, l'accord sur la dette grecque est un soulagement. Il devrait contribuer à faire baisser la pression sur le franc, manifestement surévalué. Mais le répit pourrait n'être que de courte durée, puisqu'il faudra des années pour résorber les dettes publiques européennes.

Dépourvue de gouvernance fédérale, qui permettrait par exemple des transferts automatiques entre pays forts et faibles, la zone euro est également trop disparate économiquement pour ne pas risquer l'éclatement. C'est bien à cette question de fond que les membres de l'Union européenne devraient s'attaquer sans tarder, puisque les mesures cosmétiques, mêmes aussi dispendieuses, ont cessé de faire illusion.

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