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"L'Europe est très en retard avec l'IA"

Placée sous le thème «Toi, moi et l’IA», la 12e édition était consacrée à l’intelligence artificielle. Avec trois conférenciers captivants.

07 nov. 2018, 10:34
Stéphane Mallard, digital evangelist.

Le contexte

Fondée à l’initiative de cadres et représentants d’entreprises de la région neuchâteloise, l’association Forum 360 organise un événement par année sous la forme d’une conférence-débat. La douzième édition a fait le plein, lundi au théâtre du Passage, à Neuchâtel, qui affichait complet pour l’occasion. Trois orateurs avaient été conviés pour parler du thème «Toi, moi et l’IA»: Stéphane Mallard, expert de l’intelligence artificielle (IA) et de la transformation digitale, Serge Kassibrakis, Head of quantitative asset management auprès de Swissquote et Caroline Matteucci, fondatrice CM Profiling. Modératrice: Nathalie Randin

Stéphane Mallard est ce que l’on appelle un «digital evangelist», c’est-à-dire celui qui instille la culture digitale au sein d’une entreprise. Formé à Montréal et à Sciences Po Paris, il est devenu un spécialiste ès technologies de rupture liées à la révolution digitale. Interview.

Demain, ce sera comment avec l’intelligence artificielle (IA)?

Toute la technologie électronique que nous utilisons aujourd’hui – téléphones, ordinateurs, etc. – deviendra intelligente. Nos appareils comprendront ce que nous voulons. On pourra par exemple dire qu’on veut supprimer la TVA sur un fichier Excel, et hop, la machine s’en chargera. L’IA pilotera nos voitures, les avions, déchiffrera les radiographies... Plus on nourrira les algorithmes d’images médicales, mieux elles pourront diagnostiquer des cancers à un stade ultra-précoce. Le principe est simple: la machine conceptualise par entraînement.

Quid des places de travail?

Cols-bleus, cols blancs, tout le monde sera touché, car toutes les fonctions cognitives seront modélisées. Médecins, experts-comptables, avocats, journalistes... beaucoup d’emplois vont disparaître. Je pense que d’ici à cinq ans, cela va être compliqué pour les radiologues, par exemple. C’est un changement de paradigme, une leçon d’humilité pour l’homme. Ce sera génial, même s’il faudra relever des défis pendant la période de transition. Il n’est pas sûr que l’IA va créer suffisamment de nouveaux emplois pour remplacer ceux qu’il détruit. Il faudra s’interroger sur l’opportunité de créer un revenu universel pour les personnes qui ne trouveront plus d’emploi. Ou déterminer comment les produits fabriqués par les machines seront redistribués.

Dans quels délais interviendront ces transformations?

On utilise déjà tous les jours l’IA sans s’en rendre compte. Quand on poste une lettre, c’est un algorithme qui lit l’adresse. Cette même technique est utilisée pour détecter un cancer sur une image médicale, sauf qu’elle intègre davantage de paramètres. Contrairement à ce que les gens pensent, l’intelligence artificielle ne sera pas compliquée à utiliser. Les gens se l’approprieront tout naturellement, comme ils l’avaient fait pour l’internet.

Où en est l’Europe en matière d’IA?

Elle est très en retard! L’Europe a complètement raté le virage de l’intelligence artificielle: tout se passe aux Etats-Unis et en Chine, c’est très grave! Le système éducatif européen sélectionne les enfants pour les faire entrer dans des cases. Résultat, ses diplômés sont bons, mais trouillards. Ce qui veut dire que les Suisses ou les Français qui veulent prendre des risques doivent partir aux Etats-Unis. Ce retard va poser une question de fond: avec quoi l’Europe va-t-elle pouvoir acheter de l’IA américaine et chinoise? Pour le faire, il faudrait qu’elle ait quelque chose à vendre en contrepartie...

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