En cette veille de commémoration de l'avènement de la République et canton de Neuchâtel, comment ne pas penser à ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée? Lassés par des régimes sclérosés et corrompus, poussés dans la rue par l'absence de perspectives d'avenir, jeunes femmes et jeunes hommes disent leur ras-le-bol. En Tunisie et en Egypte, ils ont eu raison des dirigeants en place. En Libye, ayant perdu, semble-t-il, toute forme de raison, le potentat local fait sonner la charge sanglante.
Ces jeunes, les forces vives de l'Afrique du Nord, sont éduqués et cultivés. N'en déplaise à certains experts convoqués dans les médias, les barbus islamistes ne sont pas de la partie. Ils tentent, au contraire, de trouver un rôle dans une pièce dont ils ne sont ni les auteurs ni les acteurs principaux. C'est bien là que se niche l'incertitude. Personne ne maîtrise la trame de cette histoire. Seule assurance: lorsque le pouvoir étouffe le besoin de libertés, il s'expose à la rancur.
Il n'en est pas allé différemment en 1848 dans le canton de Neuchâtel. Après avoir durement réprimé un premier soulèvement en 1831, les autorités de l'époque ont voulu préserver leurs privilèges. Sans voir qu'autour d'elles le monde bougeait. La différence? Les républicains étaient organisés et ont pu facilement faire chuter l'ancien régime.
Si la forme n'est pas la même, le fond ne change guère. Soucieux de bâtir un état démocratique, libéral et moderne, les révolutionnaires de 1848 ont jeté les bases d'une société un peu plus équitable, fondée sur une économie prospère. C'est l'ouverture au monde, à travers le commerce horloger, qui a amené les idées libérales dans le canton de Neuchâtel. Aujourd'hui, en Afrique du Nord, les moyens de communication jouent ce rôle. Dans le même ordre d'idée, pour que des démocraties voient le jour, les richesses devront être partagées. Dans le cas contraire, l'obscurantisme sera davantage qu'une menace. Un obscurantisme que certains en Occident - il ne faut pas l'oublier - ont brandi pour justifier leur soutien à des dictateurs aujourd'hui bien mal pris.
