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«Un idéal, ça ne suffit pas»

20 juin 2011, 07:33

Six Jurassiens s'étant illustrés en dehors du canton du Jura ont apporté, samedi à Moutier dans le cadre de la manifestation autonomiste «Faites la liberté», leur regard sur la région. Certes pas contradictoire, ce débat animé par la journaliste Chloé Steulet et auquel ont assisté 160 personnes a toutefois été intéressant compte tenu des questions soulevées par les invités.

Tous les intervenants estiment que le Jura bernois et le canton du Jura ne devraient faire qu'un. «La minorité francophone du canton de Berne va tôt ou tard se rendre compte que son avenir n'est plus dans ce canton», juge Jean-Pierre Jobin, ancien directeur de l'aéroport de Genève. Mais il regrette que tous les espoirs nés en 1974 ne se sont pas réalisés. «Nous espérions qu'en donnant du temps au temps le Jura Sud voudrait rejoindre le Nord. Mais je constate que les fronts n'ont globalement pas évolué.»

Réelle volonté au Nord?

Pour Anne Comte, comédienne basée en France, il n'y a aucune distinction entre le Nord et le Sud. «Mais il y a un vide générationnel. Les jeunes ne connaissent plus l'histoire», regrette-t-elle. Pour Thierry Meury, il ne devrait pas y avoir deux Juras. «Mais je ne sens pas une réelle volonté de réunification dans le Sud. J'ai l'impression que les gens sont indifférents ou lassés. A part à Moutier, il y a peu de militantisme pour la réunification», constate l'humoriste. Jean-François Rossé abonde dans le même sens: «Mais c'est au canton du Jura de montrer l'exemple, insiste le journaliste. Et j'aimerais savoir quelle est la véritable volonté des Jurassiens du Nord d'accueillir les Jurassiens du Sud?» Jean-Pierre Jobin, lui, se demande si le canton du Jura s'est montré exemplaire, et s'il donne envie aux Jurassiens bernois de le rejoindre. «Et puis, les majorités d'aujourd'hui (réd. sous-entendu le PDC) sont-elles disposées à partager le pouvoir et les responsabilités en cas de réunification?»

Comment convaincre les Jurassiens bernois de rejoindre le canton voisin? Jean-François Rossé veut voir des actes: «Cela ne suffit pas d'avoir un idéal. Les gens veulent du concret. Le canton du Jura doit montrer qu'il a envie et qu'il fasse envie!» Ce concret consisterait en des états généraux, du sport ou de la culture par exemple. «Il ne faut pas avoir peur de s'affronter pour apprendre à se connaître», dit-il.

En parlant de projets concrets et novateurs, Olivier Guéniat évoque le sien, celui de fusionner les polices neuchâteloise et jurassienne: «Si on y arrive, ce sera un exemple extraordinaire! Et on va créer le besoin dans le Jura bernois qui sera comme une enclave. Mais ce projet relatif à la sécurité doit être détaché des enjeux institutionnels.» Jean-Pierre Jobin souhaite aussi voir naître des projets communs. Mais, selon lui, l'abandon par le canton de Berne du CREA n'encourage pas la dynamique.

«Une exigence absolue»

Et puis, il y a Moutier. Vincent Philippe estime que le statut particulier de la ville doit être réaffirmé haut et fort. «Je suis pessimiste sur la volonté du Sud de rejoindre le canton du Jura. Mais si Moutier rejoint le canton du Jura, est-ce que cela condamnera le Jura bernois ou est-ce que cela sera un électrochoc?», questionne le journaliste et écrivain.

Du côté du public, la parole a été prise pour insister sur un point: les Jurassiens bernois, les jeunes plus particulièrement, ne connaissent pas l'histoire. La conclusion a été apportée par Alain Charpilloz, rédacteur au «Jura libre». Il relève le fait que le canton de Berne ne se montre aujourd'hui plus hostile envers les francophones. «Aux yeux de la majorité de la population, il n'y a donc aucune raison de changer de camp. Sauf que plusieurs rapports montrent clairement qu'il y a des avantages financiers et politiques à une réunification, pour les deux parties», a-t-il commenté avant d'ajouter: «Cette réunification est-elle souhaitable? Oui. Est-elle probable? Non.»

S'il s'imagine que le Jura bernois refusera dans son ensemble de former une nouvelle entité avec le canton du Jura, il insiste sur un point: les communes qui souhaiteraient changer d'appartenance cantonale doivent pouvoir organiser un second vote. «C'est une exigence absolue».

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