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Pour Dick Marty, «la phase la plus délicate vient juste de commencer»

La première séance de l'Assemblée interjurassienne sous la présidence de Dick Marty s'est tenue hier au Noirmont. Le Tessinois a estimé que la phase la plus délicate venait de commencer. Allusion à un vote éventuel.

22 mars 2011, 11:08

Interrogé sur ses premières impressions, le conseiller aux Etats tessinois nous a confié qu'à l'époque de ses études universitaires, il avait côtoyé de nombreux Jurassiens et autant de Bernois: «Ils m'avaient étonné par leur passion, mais aussi par la violence de certains de leurs propos. Je me souviens aussi de certaines images de la Fête du peuple et je constate qu'aujourd'hui, le climat est bien différent.»

A l'entendre, le mérite en revient aussi à l'AIJ qui a habitué les gens à dialoguer et à affronter des problèmes concrets. «Oui, l'esprit est totalement nouveau. Il convient aussi de tenir compte des changements qui se produisent dans la société. L'arrivée de la Transjurane et du TGV provoqueront des bouleversements socio-économiques, mais modifieront également les priorités des gens. Et puis, les jeunes générations voient les choses de façon bien moins dramatique.»

Dick Marty note toutefois qu'il reste des blessures et que le dialogue demeure nécessaire. Il salue à ce propos l'excellent travail accompli par l'Assemblée et son prédécesseur Serge Sierro: «Maintenant, il reviendra aux gouvernements de se définir.»

Traité de bailli par l'UDC, notre interlocuteur sourit en disant ne pas savoir si le Jura en a connu: «C'est le cas pour le Tessin, qui sait ce que cette fonction signifie. Moi, je rappelle simplement que le choix d'une présidence externe a été fait en 1994. Il faut y déceler aussi un signal de la Confédération, qui fait ainsi savoir qu'elle n'est pas indifférente au problème. De surcroît, la naissance du nouveau canton a laissé des blessures. En ce qui me concerne, des critères précis d'engagement ont été définis. On souhaitait une personne au bénéfice d'une expérience exécutive, parlant le français et neutre. A la mi-décembre, je n'aurais jamais imaginé que l'on fasse appel à mes services. D'après ce que je sais, les deux gouvernements m'ont désigné à l'unanimité. J'avais d'ailleurs posé cette condition avant d'accepter.»

Finalement, après le dépôt du rapport final, on se dit un peu que le Tessinois entre en fonction quand le plus gros œuvre est réalisé. Eh bien, telle n'est pas son analyse: «Nous arrivons au contraire dans la phase la plus délicate. Y aura-t-il ou non un vote sur l'avenir de cette région? En Suisse, il sera difficile d'expliquer aux gens qu'on ne peut pas voter. Et si on devait opter pour cette solution, il faudra encore définir les règles de ce scrutin.»

A part ça, l'homme des situations périlleuses - voir son fameux rapport sur le trafic d'organes au Kosovo - ne juge-t-il pas la Question jurassienne un brin futile en comparaison? Comme il ne veut surtout pas dramatiser la situation, Dick Marty commence par évoquer une région magnifique qui, à l'entendre, s'est considérablement développée depuis qu'il y passait ses vacances. De quoi évoquer des PME remarquables, un savoir-faire et une vivacité culturelle extraordinaires: «C'est une région heureuse. Certes, le Jura n'est pas le Kosovo. Mais cette faculté et cette volonté de résoudre les conflits sont des valeurs tellement précieuses en Suisse que je n'ai pas hésité avant d'accepter cette nouvelle tâche. D'ailleurs, la Suisse pourrait même exporter son savoir en matière de résolution des conflits.» Histoire de conclure avec la question du vote, le nouveau président note qu'il reviendra aux gouvernements de se prononcer. «La question la plus importante consistera à définir les modalités de ce scrutin éventuel. Pour moi, il serait prétentieux de me prononcer sur cette question après une seule séance avec le plénum.» /PAB-réd

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