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Poulains FM attendus en force

01 sept. 2011, 09:50

Au domaine des Fontaines à Mont-Tramelan, un immense hennissement retentit à notre arrivée. Aucun cheval sur les lieux. Ils sont tous au pâturage. L'éleveur sourit. Il désigne un magnifique perroquet sur le balcon, qui vient d'imiter le cri du quadrupède, ravi d'avoir perturbé la quiétude de cette ferme de rêve. Notre stupeur un peu passée, Eddy von Allmen sourit. Il est pour les aras, c'est sûr. Il enchaîne: «Au niveau des 18 mois, je pense qu'il y aura pas mal de poulains cette année à Chaindon.»

Vice-président de la Fédération suisse du franches-montagnes, cet expert chevalin qui examine les étalons à Glovelier et sillonne l'Europe pour la sélection et la défense de la race nourrit une passion indéfectible pour cette dernière. C'est inscrit dans ses gènes. Il ne peut imaginer une année dans sa ferme sans poulains.

Il possède une quinzaine de chevaux et un pâturage suffisamment grand pour faire de l'élevage. Et si ses pronostics misent sur un grand nombre de 18 mois et de 2 ans et demi de bonne qualité à la Foire de Chaindon lundi prochain, c'est que le marché stagne dangereusement en ce moment. Sous la tente du récent Marché-Concours de Saignelégier, berceau du FM, il ne s'est pas vendu plus de trois sujets, malgré la cote intéressante que ce cheval affiche à l'étranger.

Un élément clé: la formation

Et c'est là que le bât blesse. Car avec la chute de l'euro, les Français et les Allemands, principaux clients, ne peuvent pas se permettre de payer 1000 francs supplémentaires pour un cheval. L'éleveur se retrouve ainsi avec ses chevaux sur les bras. «Il faut compter 1500 francs par année pour élever un jeune poulain», explique Eddy von Allmen. «Donc, jusqu'à 3 ans, il faut sortir 4500 francs et en ajouter 2000 pour le débourrage. Un cheval de 5 ans très bien dans sa tête peut valoir 10 000 francs, si on continue de le former.»

Un jeune éleveur ne peut cependant pas gagner sa vie avec son seul élevage chevalin, à moins d'avoir une bonne structure, que la ferme soit bien placée pour la randonnée et qu'il prenne des chevaux de pension. «Il s'exporte 500 chevaux franches-montagnes par année. D'où la nécessité d'avoir de l'excellente qualité. Il y a beaucoup de chevaux de loisirs sur le marché et il faut encourager le franches-montagnes. Le canton du Jura octroie une aide de 500 000 francs par année, le canton de Berne ne bouge pas trop», commente Eddy Von Allmen en insistant sur la formation. Celle de l'éleveur comme celle du cheval.

Ceux qui ont des chevaux bien formés trouvent toujours des clients. Ceux dont les chevaux ne sont pas finis ont de la peine à les vendre, selon lui. «Avant, on travaillait avec les chevaux qui se formaient dans le terrain. Et le poulain évoluait à côté de la jument. Aujourd'hui, on doit les sortir, les atteler, aller au manège, leur donner du temps. Là encore, cela a un coût et on ne peut baisser les prix parce que la vente d'un cheval ne couvre même plus les frais», précise l'éleveur.

Stabiliser la consanguinité

Conséquence, c'est tout l'élevage qui est menacé si la Confédération ne prend pas des mesures pour freiner les effets de l'euro. Mais il y a un autre problème, interne à la race, qui vient se greffer quant à l'avenir du franches-montagnes: la consanguinité. D'après les accords sur la biodiversité, le FM est une race à observer. «On a 4000 femelles auxquelles il faut prêter une attention spéciale. On essaie de trouver des mesures pour stabiliser le taux de consanguinité qui est en hausse. Quand on amène du sang neuf cela ne se stabilise que pour une période de 10 ans», remarque-t-il. Il faut donc prendre des mesures telles que définir, pour chaque cheval, son taux de parenté par rapport à l'ensemble du cheptel.

Eviter aussi les étalons vedettes. «De toute façon, je ne pense pas que le Jura va laisser tomber cette race si facilement. Quant à la Foire de Chaindon, elle reste une plate-forme exemplaire pour le FM. Il y a eu là jusqu'à 3500 chevaux», conclut le spécialiste. Il pense qu'on pourrait mieux y organiser la présence du FM à l'avenir. «Pourquoi ne réinstallerait-on pas une tente de vente, comme cela s'est déjà fait?», suggère Eddy von Allmen.

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