Dans une prise de position juridique publiée jeudi soir, les Verts jurassiens invitent le Conseil municipal à revoir la décision de restreindre l’accès à la piscine de Porrentruy le plus rapidement possible. Ils jugent cette mesure discriminatoire, car elle est selon eux basée sur l’origine et le lieu de domicile des individus.
Depuis maintenant plus d’une semaine, les personnes qui ne vivent pas en Suisse se voient refuser l’entrée à la piscine municipale de Porrentruy. Chaque baigneur doit apporter sa carte d’identité pour être autorisé à entrer dans l’enceinte. La restriction d’accès doit rester en vigueur jusqu’à la fin de la saison.
Mesure jugée disproportionnée
Pour les Verts, le maintien de l’ordre et la sécurité sanitaire sont des intérêts publics suffisants pour souhaiter restreindre un droit fondamental comme la liberté individuelle ou pour contrevenir au principe de l’égalité. «Il n’en demeure pas moins que la proportionnalité de la décision prise n’est pas réalisée».
La municipalité a invoqué des raisons d’ordre public et de sécurité sanitaire liée au Covid-19 pour justifier cette mesure. Mais elle ne cache désormais plus qu’il s’agit en premier lieu d’éviter que des bandes de jeunes venus de France voisine ne viennent semer le trouble et commettre des incivilités à la piscine.
Les Verts jurassiens estiment que le maintien de l’ordre peut être garanti au moyen d’un règlement interne sans qu’il ne soit fait référence spécifiquement à l’origine des personnes. Ils relèvent que les autorités pourraient formuler une interdiction personnelle plutôt que d’interdire la piscine à une catégorie de personnes.
Bandes de jeunes
Sur les ondes de Radio Fréquence Jura (RFJ) et dans le «Quotidien jurassien», le maire PLR de Porrentruy Gabriel Voirol explique que la police était débordée et qu’elle avait affaire à des jeunes qui arrivaient seuls et qui se reformaient ensuite en bande pour perturber les baigneurs.
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«Ces bandes s’attribuent une sorte de territoire dans la piscine, sur lequel personne ne peut plus venir. Il y a ensuite des agressions verbales et physiques, des crachats, des injures, des bousculades et des gens qui ne respectent pas les consignes de sécurité», souligne le maire vendredi dans le «QJ». La Ville de Porrentruy est à une quinzaine de kilomètres de la frontière.
Débat en France
La question continue à échauffer les esprits, comme en témoignent les réactions sur les réseaux sociaux. Si certains appuient la démarche des autorités, d’autres estiment que la Ville se sert du contexte sanitaire pour imposer cette restriction d’accès. Cette mesure controversée fait aussi couler beaucoup d’encre en France. Le magazine «Le Point», qui titre «les Français indésirables à la piscine», évoque des tensions à la frontière franco-suisse. L’information a aussi été reprise par «France Bleu» et «L’Est Républicain» notamment.