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Pas si simple de vivre dans un monument historique

24 juin 2011, 09:52

«On a pu sauver la charpente, qui date de 1518!» Armand et Eva Frésard vivent dans la plus vieille bâtisse habitée des Franches-Montagnes, à Muriaux. Ou du moins, la plus ancienne recensée. Outre l'honneur de vivre en ces lieux chargés d'histoire, la famille a fait face à des désagréments, jusqu'à l'an dernier, avec des fuites d'eau dans leur logement. Or, pour mettre au sec ce «monument historique» protégé par le canton du Jura, l'éleveur laitier a dû concilier les exigences patrimoniales et les normes modernes d'habitation. Une longue réflexion qui a débouché sur un travail d'horloger chiffré à 140 000 francs, soutenu par l'Office jurassien de la culture et l'Aide suisse aux montagnards.

Par temps de pluie ou à la fonte des neiges, de l'eau coulait dans les chambres à l'étage, mais également dans l'étable des génisses et le fenil. La situation devenait délicate pour Eva, allergique aux moisissures, et inconfortable pour les enfants, Elsa, 4 ans et demi, et Diego, bientôt 3 mois. Les bêtes aussi en pâtissaient, puisque le fourrage de celles-ci était humidifié. «Le problème c'est qu'à l'époque, ils construisaient des toits très plats, pour récupérer un maximum d'eau», explique l'agriculteur. «L'eau remontait en haut des tuiles et coulait.»

En 2009, après un hiver pénible et des nuits passées à disposer des seaux sous les fuites, Armand Frésard a décidé d'empoigner le taureau par les cornes. Et c'est là qu'il a réalisé l'ampleur de la tâche. Car la restauration des monuments historiques implique un respect des techniques de l'époque.

Pour sauver ce toit de près de 500 ans, il a ainsi fallu le démonter poutre par poutre, nettoyer la charpente et la remettre en place avec des chevilles. Mais le bois était parfois si dur, fossilisé, qu'il a été nécessaire de visser certains endroits avec du métal, plutôt que de cheviller les poutres. Le nouveau toit a été garni de plus de 7000 tuiles.

Ces travaux ont été réalisés durant le mois d'octobre passé, soit avant l'hiver. C'est une entreprise spécialisée dans les constructions anciennes, l'atelier Yves Boillat, du Noirmont, qui a mené le chantier à bien, chapeauté par l'architecte de Lajoux Nicolas Gogniat.

Le nouveau toit a été subventionné à hauteur de 18% par l'Office cantonal de la culture du canton du Jura. Armand Frésard a aussi fait appel à l'Aide suisse aux montagnards, qui a financé les 10% des travaux.

La bâtisse est aujourd'hui remise à jour, tous les gros travaux ont été réalisés. La famille Frésard a l'intention d'organiser une fête pour ses 500 ans, en 2018. / dwi-comm

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