Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«On a fait du social toute notre vie»

31 août 2010, 04:15

L'affaire de viol qui a occupé toute la journée d'hier à Porrentruy le tribunal correctionnel de première instance présidé par Pascal Chappuis se résume par une tournure classique, comme toujours dans ce genre de cas: c'est parole contre parole. Les faits remontent au printemps 2002. Mais ce n'est qu'en avril 2007 que cette Française de 47 ans a décidé de se confier à la police. L'élément déclencheur? «Je l'ai fait pour ma fille. Je ne veux pas qu'elle subisse ce que j'ai vécu.»

La santé de la dame est aujourd'hui précaire. «Je vais très mal», a-t-elle dit à la barre. «Mes angoisses, mes cauchemars, sont permanents. J'ai pris énormément de poids. Mon avenir? Néant!» En 2002, engagée depuis peu comme sommelière dans un hôtel-restaurant de Delémont, cette frontalière a dormi exceptionnellement une nuit sur son lieu de travail. «On avait un mariage. Et le lendemain, c'est moi qui faisais l'ouverture.»

Selon ses déclarations, son patron est venu quatre fois frapper à sa porte de chambre. La dernière, habillé uniquement avec un peignoir. Elle a subi l'acte sexuel complet. «Il m'a tétanisée dès le premier jour. Au départ, les attouchements étaient réitérés, particulièrement quand je faisais ma caisse. Il sentait ma crainte. Et j'avais aussi besoin de ce travail. J'avais franchement peur de sa réaction.»

Le prévenu de 61 ans, au bénéfice d'une rente AI et qui vit désormais en Valais, a évidemment balayé toutes ces accusations. «C'est un immense mensonge. Il n'y a rien de vrai. C'est affreux d'accuser des gens comme ça, gratuitement. J'ai travaillé 35 ans pour en arriver là...» Le président du tribunal n'a pas manqué de relever certaines contradictions dans ses déclarations. «A la police, vous avez oublié de dire que vous aviez une deuxième cicatrice, par exemple.»

L'homme souffre d'impuissance. Il lui est donc impossible à ses yeux de commettre un viol. «J'ai bien essayé une ou deux fois avec du Viagra, mais c'était trop violent pour mon cœur.» Son épouse est venue témoigner en sa faveur. «On s'est usés tous les deux et voilà le résultat. C'est honteux! Je suis écœurée. Dans notre restaurant, on a fait du social toute notre vie.» Au sujet des problèmes d'érection dont souffre son mari, la dame a eu cette réflexion: «Je l'aime. Les préliminaires durent longtemps. Parfois une heure et demie.»

Pour le Ministère public, viol il y a bien eu. La substitut de la procureure Valérie Cortat a réclamé une peine de 20 mois de prison avec sursis pendant trois ans. La magistrate s'est notamment basée sur l'expertise de crédibilité effectuée sur la victime. L'avocate de cette dernière a réclamé 28 000 francs pour tort moral, plus 235 000 francs et des poussières comme indemnités. Tout sauf surprenant, la défense a plaidé l'acquittement. Le jugement sera rendu aujourd'hui en fin d'après-midi. /gst

Votre publicité ici avec IMPACT_medias