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Moutier: un Américain condamné à 16 ans pour la séquestration et l’assassinat d’une Kényane

Un Américain d’une trentaine d’années a écopé lundi d’une peine de prison de 16 ans pour avoir poignardé à mort une femme de 30 ans en 2017 à Reconvilier.

24 juin 2019, 15:28
L'instruction, qui a duré plus de deux ans, a été menée entre la Suisse, le Kenya et les Etats-Unis par le biais de commissions rogatoires.

Un ressortissant américain, d’origine kényane, a été condamné lundi par le Tribunal régional de Moutier à 16 ans de réclusion. La juge l’a reconnu coupable de l’assassinat et de la séquestration d’une Kényane de 30 ans en 2017 à Reconvilier (BE).

Le procureur Raphaël Arn avait requis une peine de 15 ans de réclusion pour assassinat. Il estime que le prévenu a agi pour un mobile futile et a fait preuve d’un mépris total de la vie humaine. Il s’est comporté de manière barbare en étranglant la victime après lui avoir porté des coups de couteau, a ajouté le procureur qui a écarté l’hypothèse d’une double tentative de suicide.

L’avocat du prévenu, âgé d’une trentaine d’années, a demandé une peine de 7 ans de réclusion au maximum. Il a plaidé le meurtre et a rejeté l’assassinat. Le prévenu a expliqué lors de son audition que lui et la victime avaient décidé de se suicider et qu’ils se sont donné mutuellement des coups de couteau.

Futile et égoïste

La juge du Tribunal régional de Moutier a fait mention d’un mobile «futile et particulièrement égoïste» de la part du ressortissant américain, un individu incorporé dans le corps des marines. Elle a parlé d’acharnement, de cruauté et de froideur pour décrire son acte.

La peine de 16 ans est assortie par ailleurs de mesures thérapeutiques pour soigner le condamné. Une fois celle-ci accomplie, le ressortissant américain sera frappé d’une mesure d’expulsion du territoire suisse valable pendant 10 ans.

Pour rappel, la femme de 30 ans avait été poignardée dans son appartement du Jura bernois. Le suspect, qui n’avait opposé aucune résistance lors de son arrestation, présentait des blessures. Originaires du Kenya, les deux protagonistes se connaissaient de longue date.

Fille d’un portif célèbre

Alertée par le voisinage, la police cantonale bernoise avait découvert le corps sans vie de la victime. Celle-ci était la fille du célèbre athlète Julius Korir, médaillé d’or du 3000 mètres steeple aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.

Lors de l’audition des parties plaignantes, le père de la victime a dit vouloir que la justice soit rendue. «J’aimerais savoir pourquoi il est venu d’Amérique pour tuer ma fille», a déclaré l’ex-champion olympique qui s’exprimait en swahili. Julius Korir venait régulièrement en Suisse pour participer à des courses.

Très digne, la voix parfois brisée par l’émotion, le mari suisse de la victime avait dit la semaine passée au tribunal attendre un verdict qui soit le plus «dur possible». Il connaissait l’accusé qui avait été hébergé dans l’appartement du couple à Reconvilier.

Automutilation

Pour le Ministère public, l’accusé s’est infligé des blessures, une version qu’il a contestée au cours de l’instruction. Selon l’acte d’accusation, le prévenu aurait essayé de faire croire à un prétendu accord de la victime de mourir, puis en s’automutilant de faire croire que c’était la victime qui l’avait frappé.

L’acte d’accusation relevait que le prévenu était «profondément» amoureux de la victime, qui elle entendait prendre ses distances avec lui. Durant son interrogatoire, l’accusé a parlé d’une voix parfois à peine audible, donnant aussi l’impression de ne pas toujours comprendre les questions traduites en anglais.

A celle de savoir s’il pouvait être violent, il avait répondu «Cela dépend». Le ressortissant américain a aussi contesté le rapport d’un expert qui brosse le portrait d’un homme avec un problème psychiatrique et présentant un risque de récidive.

Durant l’audition des parties plaignantes, l’accusé est resté la plupart du temps tête baissée. Né au Kenya, le prévenu s’est rendu aux Etats-Unis en 2006. En septembre 2013, il s’est engagé dans l’armée américaine. Il a obtenu la nationalité américaine.

L’instruction qui a duré plus de deux ans a été menée entre la Suisse, le Kenya et les Etats-Unis par le biais de commissions rogatoires. Il s’agissait d’établir le lien entre la victime et le suspect, désormais condamné.

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