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Moutier n'est pas "une république bananière", tranche le Conseil de la presse

Le Conseil suisse de la presse a partiellement admis une plainte contre la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche concernant un vote communal à Moutier sur son appartenance cantonale. Le journal dominical alémanique avait titré "Moutier, république bananière".

18 juil. 2018, 16:36
C'est le président du comité "Moutier, ville jurassienne" qui avait déposé une plainte auprès du Conseil de la presse.

Le Conseil suisse de la presse a partiellement admis une plainte contre la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche concernant un vote communal à Moutier sur son appartenance cantonale. Le journal dominical alémanique avait titré "Moutier, république bananière".

Le 18 mars 2018, la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche rendaient compte des accusations de fraude concernant un vote communal organisé neuf mois plus tôt à Moutier. Lors de ce vote, les électeurs de la commune appartenant jusque-là au canton de Berne s'étaient prononcés à une courte majorité pour le transfert de Moutier dans le canton du Jura.

L'article publié dans Le Matin Dimanche était une traduction de l'article ayant paru le même jour dans la SonntagsZeitung. Les deux textes étaient pratiquement, mais pas tout à fait, identiques.

"Tourisme électoral"

L'article mentionnait une étude statistique anonyme transmise au gouvernement bernois et dont la rédaction avait connaissance. Cette étude prouverait un tourisme électoral systématique dans la ville de Moutier.

La SonntagsZeitung indiquait que ses recherches confirmaient les faits: plusieurs personnes se seraient établies temporairement à Moutier avant le vote et auraient transféré de nouveau leurs papiers dans les neuf mois suivants, entre autres le fils du vice-maire séparatiste, "Mathieu B.".
Comme son père, ce dernier n'aurait pas souhaité s'exprimer sur le cas. Un changement de domicile pour participer à un vote ne constituerait certes pas un acte punissable, mais pourrait néanmoins conduire à ce que le vote soit considéré comme irrégulier.

Une semaine plus tard, le 25 mars 2018, la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche écrivaient que le procureur général qui avait ouvert une enquête l'avait suspendue, tout en estimant ses résultats troublants. Il aurait par conséquent refusé, dans un premier temps, de rendre le rapport public, les résultats pouvant présenter un intérêt pour l'issue de la procédure de recours contre le vote déposé auprès de la préfète.

Le président du comité "Moutier, ville jurassienne" a déposé une plainte auprès du Conseil de la presse contre les articles parus dans les deux journaux du dimanche de Tamedia.

Il arguait notamment que les titres des articles auraient suggéré des irrégularités lors du vote; qu'une personne ("Mathieu B.") avait été clairement identifiée alors qu'il ne s'agissait pas d'une personne publique; qu'il aurait été prétendu à tort, dans un article paru dans Le Matin Dimanche, que le ministère public avait d'abord refusé de transmettre sa décision de suspension de procédure à la préfète.

Tamedia rejette tout

Tamedia a rejeté toutes les accusations dans sa réponse à la plainte à l'attention du Conseil de la presse.

Le Conseil de la presse émet un avis différencié. Dans sa prise de position publiée mercredi, il note que la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche ne se sont pas uniquement basés sur une étude anonyme, mais qu'ils l'ont approfondie avec leurs propres recherches.

Le fait de rendre partiellement et non pas entièrement anonyme "Mathieu B.", une personne aussi connue comme étant autonomiste selon les deux journaux, était justifié: il était dans l'intérêt du public d'apprendre que c'était justement le fils du vice-maire et du chef du bureau de vote qui s'était fait enregistrer comme habitant de Moutier quatre mois avant le vote.

De manière correcte, Le Matin Dimanche a, de plus, rempli son devoir de rectification après que le journal ait prétendu à tort que le chef du bureau de vote était le fils du maire. Par conséquent, les chiffres 3,5 et 7 de la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste n'ont pas été violés.

Grave accusation pas étayée

En revanche, le chiffre 1 (vérité) a été violé. Avec le titre "Moutier, république bananière", la SonntagsZeitung suggérait que la ville était gangrenée par la corruption, la vénalité et l'arbitraire étatique. Le journal n'est pas en mesure d'étayer, même partiellement, cette grave accusation dans l'article.

De son côté, Le Matin Dimanche a écrit à tort que le ministère public aurait d'abord refusé de transmettre sa décision de suspension de la procédure à la préfète.

Dans la version allemande sur laquelle l'article est basé, il est uniquement et correctement indiqué que le ministère public aurait dans un premier temps refusé de transmettre la décision à la rédaction. Vu cette erreur due à une négligence grave, le Conseil de la presse recommande instamment à Tamedia de faire preuve d'une vigilance accrue lors de la traduction de textes.
 

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