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Le père assassin gagne un point

29 oct. 2011, 07:54

Il y a un an, fait rarissime dans l'histoire du canton du Jura, la Cour criminelle condamnait un homme à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat de son fils de six ans et le viol de son ex-compagne. C'était la deuxième fois seulement qu'une telle sentence était prononcée dans le canton depuis son entrée en souveraineté en 1979. Coup de théâtre hier dans cette affaire qui avait plongé la République en émoi: le Tribunal fédéral (TF) a partiellement désavoué la justice jurassienne, en admettant une partie du recours déposé par le condamné. Pour les juges de Mon-Repos, la justification de la prison à vie n'est pas assez claire.

«Objectivement atroce»

Contacté hier, l'avocat de la défense Jacques Barillon s'est dit satisfait de ce résultat. «Notamment dans la mesure où les juges fédéraux ont fait preuve une nouvelle fois de leur indépendance. En présence d'un crime objectivement atroce, ils ont jugé en droit sans céder à l'émotionnel.»

Pour rappel, l'homme aujourd'hui âgé de 48 ans, s'était introduit par effraction au domicile de son ex-compagne, dans la nuit du 20 juin 2008 à Porrentruy, avant de la violer. La dame avait pu s'enfuir, ce qui ne fit qu'empirer la colère du quadragénaire, qui se vengea sur leur enfant âgé de 6 ans, en l'égorgeant avec un cutter «d'un geste appuyé», selon les experts. Le laissant mort dans son lit. L'homme avait agi froidement, avec détermination et préméditation, selon la Cour criminelle.

Avant ce drame sordide, l'auteur du crime avait terrorisé son ex-amie durant plusieurs mois. Il l'avait notamment harcelée par téléphone, en l'appelant jusqu'à 46 fois dans la même nuit.

Dans son recours, l'assassin jugeait la peine qui lui était infligée trop sévère, la comparant à d'autres affaires similaires.

Les juges de Mon-Repos ne se sont pas prononcés sur le fond, les condamnations pour assassinat et viol sont donc maintenues. Mais le TF estime que le jugement comporte un problème formel: pour justifier la prison à vie de cet homme originaire du Portugal, la Cour criminelle mêlait les circonstances du viol à celles de l'assassinat. Pour le Tribunal fédéral, l'argumentation n'est pas satisfaisante, raison pour laquelle il a annulé la condamnation à perpétuité et réclame un nouveau jugement.

Maximum 20 ans de prison

La cour cantonale doit donc revoir sa copie, mais cela n'implique pas de nouvelle audience. Me Barillon et sa collaboratrice Valérie Pache Havel ne se prononcent jamais que la quotité de la peine. «Cela étant, la prison à vie nous paraît excessive.»

Egalement reconnu coupable de menaces, injures, lésions corporelles et utilisation abusive d'un téléphone à l'encontre de son ancienne amie, l'assassin reste détenu à la prison de Bellechasse (FR). Il rencontrera son avocat la semaine prochaine. Si la justice jurassienne devait confirmer la réclusion à perpétuité, il pourra demander sa libération conditionnelle au bout de 15 ans, pour autant que la justice l'y autorise. Selon le scénario le plus long, il restera enfermé durant 20 ans. A déduire une année déjà purgée et 238 jours de préventive.

Les frais judiciaires liés au recours sont à charge du prévenu à hauteur de 800 francs, auxquels s'ajoutent 78 000 francs de frais d'avocat des deux parties, 58 000 francs de frais de dépens et 18 000 francs de frais judiciaires qu'il a déjà été condamné à payer. Le canton du Jura déboursera 1500 francs de dépens.

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