Il faut être très prudent lorsqu'on touche au milieu de l'hôtellerie, toujours très sensible. On devrait toutefois froisser peu de gens en écrivant qu'avec l'Ibis qui ouvrira ses portes lundi à Delémont, le Jura comblera un trou abyssal en matière d'hébergement. De masse, de groupes, de clientèle d'affaires, principalement. L'établissement, classé deux étoiles, comprend 78 chambres. C'est loin devant l'hôtel Cristal à Saignelégier (41 chambres) et le National du chef-lieu jurassien (27 chambres), les plus grands jusqu'ici.
L'Ibis de 89 lits pourra accueillir jusqu'à 156 clients répartis à travers 60 chambres à grand lit, onze à deux lits, cinq pour personnes à mobilité réduite et deux suites à grand lit. Toutes les chambres sont insonorisées, équipées d'un écran plat et d'un accès internet sans fil. Le principe de la chaîne s'appliquera évidemment à ce 21e Ibis de Suisse: le client paie la chambre, peu importe le nombre de personnes (99 francs en semaine, 89 francs le week-end, dès 179 francs pour la suite). L'immeuble situé à deux minutes de la gare se dresse sur cinq étages. Il est équipé d'un parking sous-terrain de 20 places. L'hôtel sera ouvert sept jours sur sept, 24 heures sur 24 heures. Possibilité de commander des en-cas jour et nuit. Il fera également office de restaurant pour la clientèle de passage désireuse de se désaltérer. La directrice Myriam Schmid dirigera une équipe de 12 collaborateurs.
Systématiquement si l'on s'en réfère aux professionnels de la branche, le canton du Jura était boudé par les autocaristes, découragés qu'on ne puisse leur proposer un hôtel à forte capacité. Souvenir, donc. Aussi, Delémont étant situé à une demi-heure de train de Bâle, il y a une carte à jouer pour l'Ibis jurassien. D'ailleurs, durant la période de Baselworld (24-31 mars), l'établissement affiche pratiquement complet. Lorsque quelqu'un cliquera sur internet pour trouver un Ibis à Bâle, celui de Delémont apparaîtra également. «Par rapport à Bâle, Delémont se positionne comme une base arrière. Pour un Chinois de Pékin en visite sur les bords du Rhin, effectuer une demi-heure de train pour regagner son hôtel s'assimile à changer de quartier dans sa ville», a narré Pierre Kohler, évidemment aux anges. Le maire en a profité pour dire que Delémont et le canton du Jura envisagent de transformer l'actuelle et vétuste Halle des expositions en une sorte de palais des congrès. Une affaire à plusieurs dizaines de millions de francs, qui résonne néanmoins comme de la musique d'avenir.
La construction de l'Ibis delémontain - le premier coup de pioche a été donné le 6 juillet 2009 - a coûté 9,5 millions de francs. Facture supportée par la SA de l'Avenuedelagare, propriété des investisseurs jurassiens Luc Chételat et Philippe Kiener et du Français Paul Dubrule, cofondateur du groupe français Accor. Un groupe auquel appartient (notamment) la marque Ibis, et détenteur d'un contrat de management pour un établissement qui sera rentable une fois le taux d'occupation de 55% atteint. Dès lundi, le Jura comptera 70 hôtels offrant en tout 1551 lits. /gst