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La zone 30 des Enfers face à la juge

22 sept. 2011, 09:53

Après plus de trois ans de procédure, les autorités des Enfers doivent encore patienter avant d'instaurer - éventuellement - une zone 30 km/h généralisée au centre du village. Quatre opposants déboutés ayant fait recours, le dossier est aujourd'hui entre les mains de la juge administrative du Tribunal de première instance du canton du Jura, Carmen Bossart Steulet.

Soucieuse d'évaluer la situation de visu, elle s'est rendue dans la localité franc-montagnarde hier matin de bonne heure. Elle a ensuite entendu toutes les parties concernées au château de Porrentruy et a promis de rendre son jugement au plus vite, soit fin octobre-début novembre.

Le soleil était encore en train de se lever lorsque la juge est arrivée aux Enfers pour estimer la dangerosité des routes communales. Des riverains opposés à la limitation de vitesse, appuyés par le président de Mobilitant.org Pascal Prince, étaient aussi présents, tout comme des représentants des Ponts et chaussées et les autorités communales. L'objectif? Jauger la visibilité sur les routes communales, la largeur des tronçons et la configuration des carrefours. La balade protocolée de 40 minutes n'a été dérangée que par cinq véhicules, témoignant de la faible densité de trafic.

La tâche de la juge s'annonce complexe si elle n'entend pas nuire à la démocratie directe. Pour rappel, l'instauration du 30 km/h sur toutes les routes communales avait été acceptée en assemblée communale en janvier 2009, avec le score serré de 20 oui, 18 non et deux abstentions. Le projet était assorti d'un crédit de 12 500 francs pour sa mise en œuvre. Jugeant la mesure injustifiée, douze citoyens s'étaient ensuite opposés à cette décision. Déboutés par le service des Ponts et chaussées, quatre d'entre eux ont alors fait recours, raison pour laquelle cette affaire a atterri au Tribunal de première instance.

«Mon plus grand souci c'est que le Conseil communal a reçu le mandat de l'assemblée communale de mettre en place cette zone», a soulevé la maire des Enfers Annemarie Balmer, à l'heure de donner sa version des faits. «En tant qu'exécutif, nous devons appliquer cette volonté. Sinon, il faudra m'expliquer pourquoi on peut aller contre cette décision souveraine.» Elle a expliqué ne rien pouvoir faire de la pétition de 51 signatures (réd: Les Enfers comptent 160 habitants) reçues pour faire marche arrière. A ses yeux, les opposants devraient passer par une initiative, qui passerait elle-même en assemblée communale, s'ils veulent casser la première décision du législatif.

Pour les recourants, représentés en justice par maître Charles Poupon, la nécessité de la zone 30 n'est pas démontrée: «Il y a du dégagement sur tous les côtés. De mémoire de l'un de mes clients, il n'a jamais vu d'accident en 55 ans aux Enfers. Et puis, ces zones 30 sont plutôt adaptées aux grandes agglomérations, comme aux abords du stade Saint-Jacques à Bâle par exemple.» Il estime qu'une telle limitation risque de créer un «faux sentiment de sécurité», notamment pour les enfants, qui, déresponsabilisés, ne prêteraient plus attention aux voitures.

Quant à Jean-Philippe Chollet, ingénieur cantonal aux Ponts et chaussées, il maintient sa position: «Je ne suis pas d'accord. Il n'y a pas une bonne visibilité et les routes sont étroites. Le critère de dangerosité existe.» Les limites de vitesse permettraient, selon lui, de renforcer la sécurité dans ce village qui comptait 50 enfants à la fin 2010.

Selon des mesures de vitesse effectuées durant une semaine en août 2007, la vitesse moyenne de 50% des véhicules était de 33 km/h, 85% d'entre eux ne dépassaient pas 41 km/h. «Même s'ils sont peu, il y a toujours des gens qui ne font pas attention. Autant éviter les risques», a réagi Annemarie Balmer.

Verdict d'ici six semaines.

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