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La Neuveville: le café-théâtre de la Tour de Rive orphelin de Michel Neuville

Mardi, Michel Tschampion a quitté ce monde. Musicien, chanteur, graphiste et peintre, il laisse un abîme béant à La Neuveville.

11 janv. 2019, 10:39
Michel Neuville, ici interviewé par nos confrères de Canal Alpha.

Rares sont les humains aussi doués, polyvalents et engagés dans la vie de leur cité que le fut Michel Tschampion. Sa disparition, mardi, laisse un abîme béant à La Neuveville. Un trou noir que plusieurs devront combler de concert puisqu’il y a un riche héritage culturel et humain à perpétuer, son café-théâtre de la Tour de Rive en première ligne.

Avec deux amis, il l’a ouvert il y a 15 ans, après trois ans de préparation ardue. Il ne s’est pas contenté de jouer le directeur distant, il a mis son bleu de travail pour concrétiser l’idée. Et le lieu a laissé des souvenirs magiques à nombre de célébrités de la chanson et du spectacle, séduits par le décor et la qualité de l’accueil, les soupers d’après-spectacle en exergue.

Un bon élève

Michel a vécu une trajectoire scolaire sans accrocs. Bon élève, il est doué en tout, y compris en gymnastique, avec un talent déjà affirmé pour le dessin. En excursion à Zurich, il en profite pour croquer Grock sur le vif, croisé par hasard dans un restaurant. La musique habite la famille, son père est de toutes les fanfares et saxophoniste.

Chez Lucette Mooser, une cousine, il écoute en boucle «Quand tu danses» de Gilbert Bécaud, usant l’un des derniers 78-tours du chanteur. Michel a 14ans, le germe de la chanson française prend racine. Après l’école obligatoire, il aime la fête et en faire profiter autrui: il emmène sa petite sœur Claudine dans les soirées. L’entrée concrète en musique, ce sera le banjo d’abord, puis la guitare avec les Honky Tongs. La journée, il suit avec succès la filière du graphisme de ce qui était le Technicum de Bienne et sa carrière commencera par un stage à Neuchâtel, avant le statut de graphiste indépendant, son métier de base.

Michel Neuville

La tentation musicale a grandi, Michel a composé ses premières chansons, musique et textes, très bons, il a aussi le sens poétique des mots. Il va bourlinguer en Europe dans des festivals, il y gagnera d’abord son nom de scène. En ex-Yougoslavie, des organisateurs escamotent son patronyme, prenant de travers son domicile à la place: Michel Neuville est né, il gardera le label. En Italie, il côtoie dans le même hôtel un autre jeune débutant, David Bowie. Michel sera son complice dans l’exportation discrète d’un craquant petit chat perdu sans collier qui finira sa vie en Grande-Bretagne. De style folk dominant, quatre CD marqueront sa carrière. «Au fil du temps», le dernier, date de 2015. «Je suis un coloriste de la musique et un musicien de la peinture», commentait Michel alors.

Pas de tour d’ivoire, Michel a inscrit ses aspirations, son talent et son énergie dans son lieu de vie. Il a présidé de longues années aux destinées de la Fête du vin. Sur les affiches, il y a associé son style graphique qu’il savait rendre festif. De même à la Tour de Rive, chaque détail illustré porte son empreinte. Quand la municipalité a décidé de réglementer la sauvegarde de la cité historique et du faubourg, elle a confié à Michel Tschampion le soin de définir les couleurs de façades. Au fil des rénovations, la palette qu’il a définie a fait, pour longtemps, l’harmonie reconnue d’un paysage urbain exceptionnel.

Bernard Schindler

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