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La BCI est accusée de cacher la vérité

10 juin 2011, 09:52

Alors que la BCI (société qui regroupe les entreprises de la chimie bâloise, chargée d'assainir le site de Bonfol) a repris les travaux depuis trois semaines dans la halle d'excavation de la décharge industrielle, le Collectif Bonfol jette un pavé dans la mare. Hier, il a mis en ligne sur internet 17 séquences vidéo enregistrées par les caméras de surveillance du site.

Des vidéos retenues par la BCI et qui contredisent sérieusement la version officielle présentée jusqu'ici. Depuis la violente explosion du 7 juillet, son directeur Michael Fischer a toujours affirmé qu'il n'y avait pas eu de danger, ni pour la population ni pour l'environnement, que les analyses d'air effectuées sur place par les pompiers français spécialisés dans les risques chimiques n'avaient mis aucun impact en évidence.

Un nuage de poussières

Or, dénonce le Collectif Bonfol, ces séquences vidéo démontrent le contraire. Sur un des documents, on voit par exemple, juste après l'explosion, un nuage de poussières de déchets chimiques s'échapper de la halle, se diriger vers une ferme voisine, puis vers le village de Bonfol. Les pompiers français sont certes venus sur place, «mais ce qu'omet de préciser le directeur de la BCI, c'est qu'ils n'ont été alertés qu'une heure après l'explosion». Le nuage avait donc déjà atteint Bonfol à leur arrivée.

De plus, ils n'ont effectué que des prélèvements d'effluents gazeux - déjà largement dispersés. Or, cela ne permet pas «de déterminer la nature des toxines présentes dans les poussières», affirme le Collectif. Et d'ajouter qu'à ce jour, la BCI n'a, semble-t-il, analysé aucun échantillon de poussières. De surcroît, les habits du machiniste, qui avait été légèrement blessé lors de l'explosion, ont été détruits sans avoir fait l'objet d'un examen.

Membre du Collectif Bonfol et de la Commission d'information et de suivi (CIS, mise en place pour accompagner le processus d'assainissement), Lucienne Merguin Rossé déplore le manque de transparence de la chimie bâloise. «C'est quand même extraordinaire d'entendre la BCI dire qu'il n'y a pas eu de danger - ni pour l'homme, ni pour l'environnement - quand on voit ce nuage s'échapper de la halle et qu'aucune analyse sérieuse n'a été effectuée.»

Rétention d'information

De plus, poursuit-elle, «sitôt après l'explosion, nous avons demandé à voir ces vidéos, mais la chimie bâloise s'y est toujours refusée!» Pressée de toutes parts, confrontée également à une plainte pénale déposée par une infirmière de l'hôpital de Porrentruy (pour rappel, le machiniste avait été conduit à l'hôpital sans avoir été décontaminé conformément aux directives), la BCI a finalement cédé.

«Elle a montré ces vidéos lors d'une séance de la CIS le 29 avril dernier, soit neuf mois après les événements. J'appelle cela de la rétention d'information! Ce n'est pas de cette façon que la BCI va restaurer des liens de confiance!», fustige Lucienne Merguin Rossé.

Par ailleurs, une des vidéos mises en ligne contredit également une des assertions de la BCI, qui a toujours dit qu'au moment de l'explosion du 7 juillet, la pelle mécanique se trouvait au fond de la décharge pour saisir les déchets hors d'accès du grappin télécommandé. Or, la vidéo montre la pelleteuse posée directement sur les déchets en train de creuser dans la masse au-dessous de la machine, ce qui contrevient aux dispositions prévues par la BCI elle-même.

Le Collectif dénonce le fait que la BCI maintienne «la présence d'une personne pour manipuler avec un engin mécanique des matériaux à potentiel explosif réduit», alors qu'elle se disait prête à piloter cette machine à distance. «L'humain ne doit pas être pris comme objet de vérification pour décider d'une robotisation complète du travail dangereux», assène le Collectif.

Aux yeux de Lucienne Merguin Rossé, il serait temps que la chimie bâloise cesse d'enjoliver la situation et de travestir la réalité. «Elle doit jouer la transparence vis-à-vis de la CIS si elle entend maintenir le dialogue. Il y a des bornes à ne pas franchir, et là, la BCI les a très clairement dépassées», dénonce la députée suppléante jurassienne.

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