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L'accusé reconnaît le viol

29 oct. 2011, 07:57

Même le juge unique Pascal Chappuis admettait que cette audience était plutôt «paradoxale». C'était lors de la pause cigarette. «C'est presque du jamais vu», ajoutait-il. Et pour cause: le jeune homme de 22 ans qui comparaissait hier au château de Porrentruy a immédiatement admis les faits devant la police. Oui, le rapport sexuel qu'il a entretenu avec son amie de l'époque en octobre 2008 dans la vallée de Delémont était pour le moins particulier, avec notamment l'utilisation d'accessoires. Des baffes ont giclé. Lui: «Elle disait non, mais cela voulait dire oui!» Du rarement vu à la barre: un prévenu n'a pas nié le viol.

La plaignante, trois ans plus jeune que lui, a déposé plainte plus d'une année après les faits. Hier, elle n'a pas voulu être confrontée à son agresseur. «Comme c'était ma première relation sérieuse avec un garçon, je croyais que ce genre d'acte était normal.» C'est en discutant avec son nouveau copain que la jeune fille est retombée sur terre: «Je lui ai demandé pourquoi il ne me tapait pas. Aujourd'hui, je ne prends plus le train, je suis stressée et suivi médicalement. Je ne le déteste pas, mais c'est quelqu'un qui me fait peur.»

Pas si sainte...

Le paradoxe de cette affaire? Si le coupable n'a pas nié le viol, il n'était pas question pour lui d'admettre la contrainte sexuelle. «A l'époque, s'il avait eu droit à un avocat de la première heure, pour sûr que sa défense aurait été tout autre. Le viol, c'est minimum un an de privation de liberté. La contrainte sexuelle, c'est des jours-amende», a lancé son défenseur. Ce dernier a été «interpellé» par l'attitude de la plaignante: «J'ai relevé quatre versions différentes, alors que mon client n'a jamais varié dans ses déclarations. Elle n'est pas si sainte que cela. Un mois après les faits, elle relançait son ancien copain. Elle a même eu une relation avec lui après ce fameux soir d'octobre 2008. Les MSN le confirment.» La jeune fille avait au préalable catégoriquement démenti cette affirmation.

Peu après cette torride soirée, le prévenu s'est épanché auprès de son ami... qui est devenu par la suite celui de son ex-amie! Pigé? Piégé en tout cas, puisque le pote a tout enregistré via son portable. Mais comme la loi l'autorise, ces enregistrements n'ont pas été auditionnés. Pour la procureure Séverine Stalder, les deux infractions «ne se discutent pas». Elle a réclamé 18 mois avec sursis. La magistrate n'a pas été suivie par le juge, qui n'a pas pu retenir la contrainte sexuelle, par manque de preuves. Reconnu coupable de viol, l'homme a écopé de 12 mois de prison, avec sursis durant deux ans. Le montant du tort moral? Deux mille francs. / gst

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