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Il n'y a plus aucune activité industrielle chez Condor

12 mars 2011, 11:06

Trois employés. C'est ce qui reste comme personnel chez Condor à Courfaivre. Pour dénoncer «l'incompétence des dirigeants» de cet ancien fleuron de l'industrie jurassienne, Unia Transjurane a réuni les médias hier devant l'entreprise. Egalement critiqué par le syndicat pour avoir fait confiance aux responsables de la fabrique, le canton du Jura se défend.

«Nous assistons aujourd'hui à un baisser de rideau sur cette entreprise devenue une coquille vide. C'est une conséquence de la «financiarisation» au détriment des compétences industrielles», a regretté le secrétaire régional d'Unia Transjurane, Pierluigi Fedele, à l'heure de tirer un sombre bilan des dernières années. Il n'y a aujourd'hui plus d'activité industrielle sur le site, comme nous l'a confirmé la Promotion économique.

Après avoir connu une notoriété nationale «équivalente à celle du couteau et du chocolat», employant jusqu'à 300 personnes, l'entreprise a décliné dès 1997, avec l'abandon de la production des vélos militaires. Sa reprise en 2007 par l'industriel Rainier Biétry laissait entrevoir un espoir d'avenir, avec une réorientation des activités vers l'aéronautique. La direction évoquait la création de 50 postes pour le site qui n'en comptait alors plus que 37. Mais nouveau coup de tonnerre au lendemain de ces bonnes nouvelles, quand Rainier Biétry fut limogé avec effet immédiat et remplacé par des représentants du groupe Ramenskoï Design en Russie. La raison sociale devint alors Condor-FAST SA Aerospace Technologies.

L'an dernier, les événements se sont précipités, avec le licenciement de neuf collaborateurs sans concertation avec les partenaires sociaux, avant une seconde vague de neuf licenciements. Un plan social de 75 000 francs - un plan «à deux roubles», selon le syndicaliste Jean-Pierre Chapuis - a été versé tardivement, fin janvier. Aujourd'hui, cinq employés, dont deux ont déjà reçu leur congé, sont encore actifs dans des tâches de contrôle qualité et de vente de produits. L'entreprise s'est transformée en «souk», l'appareil de production a été «cédé au plus offrant», selon le syndicaliste.

Tandis que celui-ci s'exprimait, hier, un émissaire des investisseurs russes, Sergei Ganin, a surgi brusquement au beau milieu de la conférence de presse et s'est empressé, par la voix d'une traductrice, de rejeter les accusations de démantèlement: «J'ai été nommé président du Conseil d'administration il y a deux jours. Je vais élaborer un plan de crise pour sortir de cette situation difficile.» Et de préciser qu'il envisageait de se lancer dans le traitement du titane, avant de refuser à la presse une visite des lieux.

Après cette incursion inattendue, Jean-Pierre Chapuis a encore dénoncé les «dégâts irréversibles» causés par des «dirigeants arrogants».

Quant au chef de la Promotion économique du canton du Jura, Jean-Claude Lachat, que nous avons joint par téléphone, il a tenu à clarifier les choses. L'entreprise a bien pu prétendre à une aide cantonale lorsqu'elle a été reprise en 2007, parce qu'elle prévoyait de créer des emplois. «Nous ne pouvons pas en dire plus à ce sujet car c'est une information protégée par la loi. Aujourd'hui, ce qui est sûr, c'est que nous éprouvons d'énormes regrets, en pensant à ces chômeurs. Mais nous ne pouvions pas nous ingérer dans les affaires internes de l'entreprise.» /dwi

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